Délivrez-nous du bien
EAN13
9782381961149
Éditeur
Monsieur Toussaint Louverture
Date de publication
Collection
Monsieur Toussaint Louverture
Langue
français
Fiches UNIMARC
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À Harlowe, paisible communauté rurale du New Hampshire, à quelques heures de
Boston, la vie suit son cours : les gens travaillent la terre, coupent du bois
et achètent ce qu’ils ne peuvent produire. John Moore et les siens vivent un
peu à l’écart et, à leur façon simple et un peu rude, ils sont heureux.
Jusqu’au jour où un homme sorti de nulle part – mais qui a bourlingué partout
–, un commissaire-priseur au charme diabolique, s’allie au shérif pour
organiser des enchères publiques afin de renflouer les caisses de la police
locale et pouvoir mieux protéger la commune de la violence rampante des
grandes villes. Les habitants sont délicatement amenés à donner ce dont ils ne
veulent plus, à se séparer de ce qui les encombre, à vider leur grenier
poussiéreux pour la bonne cause. Mais jusqu’à quand ? Roman sur les rouages
infernaux de la dépossession des plus pauvres et des menaces des forces de
l’ordre, cette fiction à mi-chemin entre le thriller, le nature writing et le
grand roman américain est un conte sensible et terrifiant sur la perte
d’identité et le vol des âmes, l’effondrement de la morale face à la loi des
marchés, et la peur de ceux qui ne possèdent rien ou très peu, qui les
conduisent à une forme déroutante de soumission. Et, ultimement, il pose au
lecteur l’essentielle mais angoissante question : jusqu’où, exactement, peut-
on céder ? Née en septembre 1937 en Pennsylvanie, Joan Samson est la fille
d’Edward W. Samson et Helen Samson (née Verrall). Son père est originaire de
Winnipeg, capitale de la province canadienne du Manitoba – seule grande ville
dans une région rurale. Il commence ses études en physique nucléaire au
Canada, puis obtient deux doctorats à l’université de Princeton dans l’État du
New Jersey. Devenu citoyen américain, il travaille en Pennsylvanie ainsi qu’au
Massachusetts Institute of Technology de Boston, où il participe à la
conception du générateur de Van de Graaff (générateur électrostatique
permettant d’atteindre des tensions très élevées, visible encore aujourd’hui
au Museum of Science de Boston). Pendant la Seconde Guerre mondiale, il
contribue au développement du radar, et poursuit sa carrière au service de la
force aérienne américaine. Il a, par ailleurs, un goût pour la musique et la
philosophie. Sa mère grandit dans une petite ferme en bois de la province du
Saskatchewan où l’on pratique l’agriculture vivrière. Elle transmettra à sa
fille les histoires de son enfance à la campagne, qu’elle présente (pour les
oreilles de la jeune Joan) comme un lieu idyllique où chacun dispose de terres
immenses sur lesquelles les animaux peuvent courir et où les habitants n’ont
pour préoccupation que de survivre à l’hiver en organisant leurs réserves et
en protégeant leurs plantations du gel. Professeure, elle entretiendra toute
sa vie une relation très proche avec sa fille. Joan commence ses études en
littérature contemporaine dans le Massachusetts. Elle se marie une première
fois et déménage à Chicago, où elle obtient son diplôme (B.A.) en 1959. Après
une année seulement, pendant laquelle elle exerce en tant qu’institutrice,
elle et son mari divorcent. Elle continue alors d’enseigner pendant trois ans
dans le Massachusetts, et rencontre Warren C. Carberg, l’administrateur d’une
bibliothèque avec qui elle se mariera. Tous deux décident de s’installer à
Londres, en 1965. Ensemble, ils parcourent l’Europe dans leur coccinelle
Volkswagen et campent çà et là dans une tente igloo. Ils rentrent ensuite au
Massachusetts, et une université de la région de Boston offre à Warren un
poste de professeur de lettres, tandis qu’elle poursuit ses études à Medford,
dans le Massachusetts également. Elle obtient sa maîtrise (M.A.) en 1968,
après quoi elle reprend l’enseignement. À cette époque aux États-Unis, les
mouvements de contestation contre la guerre du Vietnam sont nombreux, et le
jeune couple est très impliqué dans les groupes de discussion et les
manifestations. Plus tard, en 1973, elle travaillera à l’édition du journal
universitaire Daedalus. Joan est alors enceinte de leur fille Amy, et décide
de se lancer dans l’écriture de Watching the New Baby (publié par Athenaum
Press en 1974). Il s’agit d’une œuvre de non-fiction, dans laquelle Joan
raconte sa grossesse et la naissance de sa fille. Le livre obtient un succès
auprès des jeunes mères, qui trouvent le contenu à la fois documenté et
rassurant, mais il sert aussi à réconforter les enfants inquiets de l’arrivée
d'un nouveau bébé dans leur famille. Parallèlement à leur vie dans le
Massachusetts, Joan et Warren possèdent un terrain au nord, dans la campagne
du New Hampshire. Ils en ont fait l'acquisition à leur retour d’Europe, pour
la modique somme de 8 300 dollars. Le terrain s’étend sur 48 hectares et
comprend une maison en très mauvais état datant de l’époque coloniale. Ils n’y
vivent pas à l’année, mais s’y rendent le week-end. Le lieu rappelle
clairement la cadre de Délivrez-nous du bien : anciennes granges laissées à
l’abandon, collines boisées (dans lesquelles ils découvrent un cimetière
envahi par la végétation – là bas, Joan se frotte par mégarde à du sumac
vénéneux et doit aller jusqu’à se bander les jambes au scotch pour résister
aux démangeaisons), et un étang qui leur semble paradisiaque mais qu’ils
baptisent pourtant “Skunk Pond” (littéralement “l’étang qui pue”). L’endroit
est désert, pour se rendre chez leurs voisins les plus proches – des fermiers
de la région – ils doivent parcourir un chemin de terre sur plus d’un
kilomètre. Cet élan qui a poussé de jeunes citadins diplômés à s’installer à
la campagne dans la fin des années 60 tient moins d’une excentricité
personnelle ou d’un réel goût pour la campagne que d’un effet de mode. On
estime à presque un million le nombre d’Américains ayant décidé de quitter la
ville (parce qu’ils ne s’y sentaient pas entendus et trouvaient leur mode de
vie néfaste). C’est d’ailleurs la première fois depuis la colonisation du
territoire que la croissance de la population rurale américaine dépasse celle
de la population urbaine. Joan (comme beaucoup d’autres) constate que cette
migration vers la campagne n’est pas ce qu’elle espérait. Ils sont forcés
d’admettre que le New Hampshire n’offre pas un cadre de vie paisible, éloigné
de tout (travailler la terre et rénover la maison prend du temps, et ils
résident encore en ville). Son mari dira même plus tard que l’endroit était
“tout sauf paradisiaque". Elle décide alors, en 1975, bien qu’elle ne se soit
jamais essayée à la fiction (l’auteur de la famille, c’est son mari,
professeur de lettres), d’écrire une nouvelle d’une dizaine de pages sur
l’arrivée dans un village du New Hampshire d’un étranger venu de la ville.
L’idée lui serait venu d’un cauchemar. Elle part du constat que de nombreuses
personnes, qui souhaitaient trouver un mode de vie sain en s’installant à la
campagne, n’ont pu se départir des logiques capitalistes et intéressées
qu’elles ont apprises en ville. C’est donc le début de la rédaction de ce qui
deviendra Délivrez-nous du bien. Après avoir fait lire la nouvelle à son mari,
celui-ci l’encourage à en faire un roman, et c’est grâce à Pat Myrer, agente
littéraire de chez McIntosh and Otis avec qui elle avait collaboré pour
Watching the New Baby, que Joan Samson parvient rapidement à publier son
texte. Le livre parait en janvier 1976, et en peu de temps se hisse sur la
liste des meilleures ventes. Malheureusement, Joan Samson décède le 27
février, d’un cancer du cerveau, quelques semaines après la parution. Elle
s’apprêtait à participer à de nombreuses rencontres organisées pour la
promotion de son roman.
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