• Conseillé par (Libraire)
    10 décembre 2021

    L'amore sans limite d'âge

    Nombre d'entre nous ont découvert le trait faussement naïf et la finesse psychologique de Fabien Toulmé avec "L'Odyssée d'Hakim", l'épopée-témoignage d'un réfugié syrien sur la longue route qui le mène de Damas à la France. Précisons ici que l'auteur est coutumier de sujets graves et intimes, abordés avec justesse, humour et sensibilité - "Ce n'est pas toi que j'attendais", son premier roman (autobio)graphique, parlait ainsi de l'arrivée inattendue de son enfant trisomique.
    "Suzette" est une fiction, peut-être est-ce la raison pour laquelle cette BD fréquenta d'un peu plus loin le feu des projecteurs. Ou est-ce parce que "Suzette" traite de sujets a priori plus convenus, à savoir l'amour et la vieillesse, au féminin ?
    🚚 Noémie découvre au décès de son grand-père que le couple qu'ils formaient avec sa Suzette ne correspondait a priori pas au schéma idéal qu'elle s'était toujours imaginé. Solitude ou impression d'un nouveau départ, quelle qu'en soit la raison : Suzette parle. Elle dit l'absence d'amour dans son foyer et concède qu'un chouette (grand)père ne fait pas nécessairement un bon mari. Elle dit sa jeunesse et les papillons dans le ventre éprouvés en Italie à la vue de Francesco, l'été de ses 17 ans. Il n'en fallait pas plus à une jeune femme bien de son temps, en crise de couple et en quête de romantisme absolu, pour embarquer mamie dans un road-trip italien à la recherche du grand Amour !
    🚚 Si le point de départ peut faire sourire, il faut compter sur l'intelligence de Fabien Toulmé pour que le voyage soit l'occasion de se poser de vraies grandes questions : qu'est ce que le couple hétérosexuel aujourd'hui, et la liberté individuelle ? Le plaisir féminin ? Le sexe au grand âge ? Certaines réponses sont esquissées, parfois maladroitement certes, mais Fabien Toulmé a vraiment le mérite d'ouvrir des portes et une matière à réflexion intergénérationnelle. Et quoi de plus évident que de le dessiner sur un air de dolce vita ?
    🚚 Un bien beau 🎁, pour toutes les Noémie et les Suzette, leurs amoureux et leurs amoureuses, leurs frères et leurs pères - de 17 à 97 ans !
    💛📚💛


  • Conseillé par (Libraire)
    8 juin 2021

    Tendre et profondément humain

    La couverture ne ment pas. Elle dit beaucoup de la tendresse qui parcourt ce roman graphique magnifique. Le bleu domine, le bleu de la mer, du camion, de la route, d’un arbre. Le bleu des fonds de pages heureuses. Dans le bleu du véhicule deux personnages souriants. La passagère c’est Suzette, la Mamoun, sexagénaire, elle vient de perdre son mari. Elle n’arrive pas pourtant à être triste. Au volant c’est Noémie, sa petite fille, fleuriste et amoureuse de Hugo. Une termine sa vie, l’autre la commence et le décès du papou adoré va permettre de révéler des secrets. Que sait on de la vie intime de nos grands parents? Des images sépia posées sur une commode, des souvenirs de pêche, mais encore? Petit à petit, Suzette va se confier, livrer ses secrets, raconter la vraie vie, pas celle des repas de famille du dimanche midi mais celle des failles, des fêlures, des bonheurs manqués ou réussis. Toutes deux vont partir sur la route des amours passés et à venir, et se découvrir mutuellement.

    Le talent de Fabien Toulmé réside dans sa capacité à dire l’essentiel avec le minimum d’artifices. Il nous avait séduit et touché avec « Ce n’est pas toi que j’attendais » où il racontait l’arrivée dans son couple d’un enfant « différent ». Sa magnifique trilogie « L’Odyssée d’Hakim » disait l’exil d’un émigré syrien. A chaque fois l’émotion passe par des mots de tous les jours, des dessins a priori simples et sans fioritures. C’est cet humanisme que l’on retrouve dans les amours de Suzette. On part avec elles sur la route dans le camion bleu à la recherche du passé, de souvenirs et on envie à chaque page de découvrir le virage suivant, celui qui offre une nouvelle vue, une nouvelle perspective, en prenant soin de garder dans le regard le rétroviseur, pour ne rien oublier. Les liens familiaux sont essentiels certainement dans la vie de Fabien Toulmé qui sait observer un bisou sur la joue, une caresse de la main, un regard et les traduire avec un simple trait, une bouche en forme d’accent circonflexe ou un oeil rond comme une cerise. Il le fait en prenant son temps, en laissant les cases se multiplier pour dire sans forcer sur les mots. La vie est un long voyage et il ne faut pas retenir que les seuls moments forts qui restent exceptionnels. L’auteur donne son temps au temps dans le bateau qui emmène Hakim ou dans le camion qui transporte Suzette et Noémie. Et la couleur réduite à quelques teintes nuancées, a pour seul objet de traduire une émotion, un moment. Pas réaliste cet arbre bleu, mais il ajoute à la plénitude du dessin, au bonheur du moment en restant aussi discret et nuancé.
    Fabien Toulmé nous parle ainsi de la vie sentimentale des sexagénaires mais aussi des étudiants qui vont acheter leur premier lit chez Ikea. Il est un dessinateur de son temps et donne de Noémie un subtil portait féministe.
    Sur la couverture, si on y prête attention une inscription est écrite sur le camion en petit « Le bonheur en fleurs ». Une belle définition de cette BD qui fait sacrément du bien en préférant les iris aux orties.

    Conseillé par Eric et Vanessa


  • Conseillé par (Libraire)
    8 juin 2021

    TENDRE ET PROFONDEMENT HUMAIN

    La couverture ne ment pas. Elle dit beaucoup de la tendresse qui parcourt ce roman graphique magnifique. Le bleu domine, le bleu de la mer, du camion, de la route, d’un arbre. Le bleu des fonds de pages heureuses. Dans le bleu du véhicule deux personnages souriants. La passagère c’est Suzette, la Mamoun, sexagénaire, elle vient de perdre son mari, Bernard. Elle n’arrive pas pourtant à être triste. Au volant c’est Noémie, sa petite fille adorée, fleuriste et amoureuse de Hugo. Une termine sa vie, l’autre la commence et le décès du papou adoré va libérer les vannes, permettre de révéler des secrets. Que sait on de la vie intime de nos parents et encore plus de nos grands parents? Des images sépia posées sur une commode, des souvenirs de pêche, mais encore? Petit à petit, Suzette va se confier, livrer ses secrets intimes, raconter la vraie vie, pas celle des repas de famille du dimanche midi mais celle des failles, des fêlures, des bonheurs manqués ou réussis. Toutes deux vont partir sur la route des amours passés, des amours à venir, confrontant leurs expériences, leur différence générationnelle et se découvrir mutuellement.

    Le talent de Fabien Toulmé réside dans sa capacité à dire l’essentiel avec le minimum d’artifices. Il nous avait séduit et touché avec « Ce n’est pas toi que j’attendais » où il racontait l’arrivée dans son couple d’un enfant « différent ». Sa magnifique trilogie « L’Odyssée d’Hakim » disait l’exil d’un émigré syrien. A chaque fois l’émotion passe par des mots de tous les jours, des dessins a priori simples et sans fioritures. C’est cet humanisme que l’on retrouve dans les amours de Suzette qui ne raconte pas la vie d’une rockstar vieillissante mais celle d’une mamie que l’on connait ou dont on a rêvée. On part avec elles sur la route dans le camion bleu à la recherche du passé, de souvenirs et on envie à chaque page de découvrir le virage suivant, celui qui offre une nouvelle vue, une nouvelle perspective, en prenant soin de garder dans le regard le rétroviseur, pour ne rien oublier. Les liens familiaux sont essentiels certainement dans la vie de Fabien Toulmé qui sait observer un bisou sur la joue, une caresse de la main, un regard et les traduire avec un simple trait, une bouche en forme d’accent circonflexe ou un oeil rond comme une cerise. Il le fait en prenant son temps, en laissant les cases se multiplier pour dire sans forcer sur les mots. La vie est un long voyage et il ne faut pas retenir que les seuls moments forts qui restent exceptionnels. L’auteur donne son temps au temps dans le bateau qui emmène Hakim ou dans le camion qui transporte Suzette et Noémie. Et la couleur réduite à quelques teintes nuancées, a pour seul objet de traduire une émotion, un moment. Pas réaliste cet arbre bleu, mais il ajoute à la plénitude du dessin, au bonheur du moment en restant aussi discret et nuancé.
    Fabien Toulmé nous parle ainsi de la vie sentimentale des sexagénaires mais aussi des étudiants qui vont acheter leur premier lit chez Ikea. Il est un dessinateur de son temps et donne de Noémie un subtil portait féministe.
    Sur la couverture, si on y prête attention une inscription est écrite sur le camion en petit « Le bonheur en fleurs ». Une belle définition de cette BD qui fait sacrément du bien en préférant les iris aux orties.