Voir du pays

Delphine Coulin

Grasset

  • Conseillé par (Libraire)
    29 août 2013

    Aurore et Marine ont grandi ensemble, ensemble se sont engagées dans l'armée, ensemble sont parties en Afghanistan et ensemble en reviennent. En guise de transition vers la vie civile, elles passent quelques jours à Chypre dans un hôtel de luxe. Elles pensent avoir vu, vécu le pire en Afghanistan mais...
    Ce roman est avant tout un formidable suspens ! Delphine coulin crée une tension, la désamorce pour la faire renaître encore plus forte. Un roman qui marque !
    Valérie


  • Conseillé par
    18 août 2020

    Trois jours à Chypre dans un hôtel de luxe. C’est le cadeau que l’armée offre à ses soldats après une campagne de six mois en Afghanistan. Trois jours pour décompresser, trois jours pour en parler, trois jours pour réapprendre à vivre. Fanny l’infirmière et Aurore et Marine les meilleures amies sont bien décidées à en profiter. Mais pour une femme, la guerre s’arrête-t-elle en zone de paix ? Il va falloir assister aux séances de débriefing, revivre ces six mois qu’on veut oublier, mettre des mots sur les silences, les petites trahisons, les lâchetés et surtout faire face à l’adversité, au fait d’être une femme dans un monde d’hommes.

    Engagée dans l’armée après un drame personnel, Marine est la fille solide, pragmatique, la dure à cuire qui a grandi dans une famille de militaires. Elle sait qu’il faut garder la tête froide, subir et se taire.
    Aurore a suivi Marine, par amitié, par désœuvrement et pour "voir du pays". Pour elle qui a grandi dans une cité avec une ribambelle de frères et sœurs, une mère épuisée et un père plus souvent en prison qu’auprès des siens, l’armée a été le moyen de quitter l’ennui de Lorient, de quitter son milieu, de s’élever, de fuir.
    Et puis il y a Fanny, la fleur bleue au cœur d’artichaut. Fanny qui est venue en Afghanistan pour aider les populations locales mais aussi pour trouver l’amour… peut-être. Une femme fragile qui sait pourtant tenir tête aux mollahs afghans.
    Toutes trois ont connu l’enfer, la peur, le sang. Les missions à l’extérieur du camp qui tournent au drame, les blessés et les morts. La population dont on ne sait si elle est amie ou ennemie ; ces afghans qu’on est venus sauver malgré eux. L’ennui qui rend fou, qui conduit au harcèlement des plus faibles, à des conduites monstrueuses. Quand l’homme devient une bête…
    Mais si cette guerre absurde a bousculé les trois femmes dans leurs certitudes, a mis à mal leurs valeurs, leurs rêves, leurs conceptions de la vie et du monde, le retour à la vie dite normale ne se fait pas non plus sans heurts. Pour tous ces soldats, Chypre est un sas de décompression et la tension est palpable. Ils ont encore un pied dans la guerre et l’alcool aidant, la violence devient leur seul mode d’expression.
    Et même si elles ont fait leurs preuves sur le terrain, Marine, Aurore et Fanny restent des femmes parmi les hommes. Elles ont grandi en sachant qu’une femme est toujours en danger, toujours une proie potentielle et malgré l’entraînement, le treillis, les exploits, elles apprendront que pour une femme l’enfer est partout, même au cœur du paradis.
    Un roman court mais riche, dur, féroce. Il nous parle de l’absurdité de la guerre, des horreurs commises au nom de la paix, de l’homme qui est un loup pour l’homme, et encore plus pour la femme. Fort et dérangeant.


  • Conseillé par
    6 mars 2015

    Retrouver la paix

    Est-ce que la guerre détruit tout ? Est-ce que les traces du combat s'effacent ? Est-ce que l'on finit par oublier les odeurs putrides, les hurlements, les armes, le feu, le sang ? Est-ce que six mois d'Afghanistan bouleversent à jamais toute une vie ?

    Parce qu'elle voulait prendre le large, Aurore s'est engagée dans l'armée. Elle a suivi Marine, sa meilleure amie. Ensemble, elles sont parties en mission, dans la vallée de la Kapisa. Sur une terre aride, la peur au ventre, elles ont vécu six mois de violence inouïe et de tension permanente, inconnue jusqu'alors. Aurore a été gravement brûlée aux jambes. Marine en a perdu sa joie de vivre.

    Et puis, après la guerre, elles rentrent au pays. Mais avant de pousser la porte de leurs foyers de Lorient, en Bretagne, une dernière mission les attend. Une étape obligée. Et cette étape, c'est Chypre. Sous un soleil écrasant, logées en hôtel cinq étoiles avec formule tout compris, elles prennent enfin des vacances.

    Lire la suite de la critique sur le site o n l a l u


  • Conseillé par
    14 octobre 2013

    Les femmes soldats existent et on en parle peu. Ou pas. Aurore et Marine deux jeunes filles unies par une amitié indéfectible. Alors quand Aurore devenue majeure s’est engagée dans l’armée, Marine l’a suivie. Des engagées dans un monde masculin où elles ont dû prouver qu’elles étaient aussi fortes que leurs camarades et gommer leur féminité. Et puis, une mission pas comme les autres : six mois en Afghanistan. Avant de rejoindre la France, elles sont à Chypre pour trois jours.

    All in inclusive : hôtel, piscine, baignées parmi les touristes. Trois jours et un sas de décompression pour reprendre pied avec la vie. Faire somme si : rire, boire en soirées, s'amuser mais les séances obligatoires de débriefing où l’on doit parler et revenir sur les opérations qui ont mal tournées font rejaillir toute la violence, le stress accumulés. Car l’Afghanistan les a tous changés. Marine a perdu le goût de vivre, Aurore a été gravement blessée et toutes deux semblent des étrangères l’une pour l’autre. Chacune essaie d’avancer, de soutenir l’autre. Mais leur amitié n’est plus la même comme si elle n’était qu’un vestige du passé.

    On est plongé dans cette guerre avec toute son horreur. On ressent la chaleur du soleil, la peur insidieuse et les questionnements d’Aurore, de Marine. Et cette question presque taboue qui tournoie dans l'esprit de chacun mais que l'on formule pas : comment vivre après sans baisser la tête ?
    Sans voyeurisme et sans chercher à adoucir les angles, Delphine Coulin lève le voile avec réalisme sur les séquelles post-traumatiques, sur des illusions perdues (l'engagement militaire), sur la mort vue et côtoyée de si près qu’elle vous hante toutes les nuits et creuse la psychologie de ses deux femmes en devançant nos questions.

    L’auteure va droit au but, ne s‘encombre pas de langue de bois pour parler de la guerre et des femmes soldats mais n'oublie pas cette sensibilité si juste que j'avais tant aimé dans Samba pour la France. C’est qui ce fait toute la beauté et la dureté de ce roman saisissant ! Un livre lu en apnée totale...