Le duc d'Aumale, L'étonnant destin d'un prince collectionneur
EAN13
9782841878390
ISBN
978-2-84187-839-0
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
Histoire
Nombre de pages
296
Dimensions
10 x 10 x 2 cm
Poids
364 g
Langue
français
Code dewey
944.06
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Le duc d'Aumale

L'étonnant destin d'un prince collectionneur

De

Archipel

Histoire

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eISBN 978-2-8098-1298-5

Copyright © L'Archipel, 2006.

À Florence, Olivier et Jérôme

Préface

Que le maire de Chantilly se soit senti le désir et, je le crois, le devoir de consacrer un ouvrage au duc d'Aumale, voilà qui me touche particulièrement.

La ville de Chantilly, comme bien des cités et villages de France, est née autour d'un château. Quand, au XIe siècle, un seigneur cherchant les limites d'un marais interminable et désert s'aperçut qu'il existait en son milieu une zone rocheuse propre à recevoir un établissement, il y éleva un donjon.

Ses successeurs durent se sentir à l'étroit puisque, au XIVe siècle, ils substituèrent au donjon un château, puis un autre au XVIe siècle, et ainsi de suite jusqu'au XIXe siècle. À mesure que s'amplifiaient les appétits de grandeur des propriétaires de la demeure princière, sont sorties de terre les habitations de ceux qui travaillaient au château ou lui fournissaient les produits indispensables à sa vie.

Par une succession d'événements, d'incidents et parfois d'aventures dont l'auteur vous dira tout, ce château, ainsi que le parc qui lui servait d'écrin et la forêt qui, à la fois, le nourrissait et l'abritait des importuns, ont fini par échoir à un enfant de huit ans, bien empêché de comprendre qu'il devenait en même temps l'un des princes les plus riches d'Europe.

Fils de roi, né prince d'Orléans, titré duc d'Aumale, c'est son histoire qu'Éric Woerth, pour notre bonheur, a entrepris de conter. Tout au long de sa vie, le duc d'Aumale s'identifie à l'image exacte de l'honnête homme. Cadet, la carrière des armes l'attendait. Il s'y montra digne des meilleurs. À l'illustration de cet orléanisme qui voulut associer liberté et autorité, il consacra sa ténacité. Dès l'enfance séduit par les arts, armé d'un sens inné de la beauté et sachant d'emblée reconnaître le génie, il sut réunir une collection de peintures anciennes qui font du château de Chantilly le second musée français après le Louvre ainsi qu'une « librairie » composée des dessins les plus rares, des manuscrits les plus précieux et des chefs-d'œuvre de l'imprimerie, ensemble dont on ne trouve, dans un cadre privé, que fort peu d'équivalents. Aumale avait reçu en héritage un château aux deux tiers anéanti. Non seulement il le releva mais, plutôt que d'appartements trop nombreux, il y voulut des murs – sa priorité – dans le seul but d'exposer au public les splendeurs qu'il avait accumulées pour lui.

Cette histoire, où le merveilleux l'emporte sur le quotidien, l'auteur de ce livre la renouvelle d'une plume amicale mais jamais complaisante, mêlant la grande histoire aux anecdotes éclairantes et peignant, autour du héros, des personnages que nul ne pourra plus oublier.

Je ne saurais trop remercier Éric Woerth du talent avec lequel il s'est fait l'interprète de la gratitude que tant d'amateurs d'histoire et d'art, à travers le monde, vouent au duc d'Aumale.

Alain DECAUX de l'Académie française

Avant-propos

Un grand Français

Le duc d'Aumale n'est plus pour nos contemporains une figure familière. Si la prise de la Smala d'Abd el-Kader et le château de Chantilly évoquent encore son nom, il ne fait pas pour autant partie de ces personnages à la mode dont on s'essaie à écrire la biographie tous les cinq ou dix ans. Que dire de ces vingt-deux années d'exil venues l'arracher à la destinée brillante que sa naissance et ses talents lui promettaient ? Comment écrire la vie d'un homme que les aléas de l'Histoire ont tenu à l'écart de quelques-uns des grands événements qui ont façonné la France du XIXe siècle ? De fait, on ne peut s'empêcher d'éprouver parfois un curieux sentiment d'inachevé, voire de déception, face à cette existence trop tôt contrainte à l'inaction. Et l'on se prend à regretter, à l'instar de Mac-Mahon lui-même, que d'« aussi rares qualités n'aient pu trouver plus longtemps leur emploi ».

Cette vision cependant ne rend pas justice au personnage. Si, à la suite de la chute de la monarchie de Juillet, le duc d'Aumale n'a pas joué de rôle politique ou militaire de premier plan, le souci de la France, de son avenir et de sa grandeur ne l'a jamais quitté. On ne se défait pas aussi facilement, en effet, de l'amour que l'on porte à son pays, et des valeurs que l'on a choisi de défendre. Aumale, comme d'autres en des temps également troublés, avait « une certaine idée de la France » que rien ne pouvait lui faire abandonner. À chaque épreuve – l'exil, la mort de ses deux fils, la radiation des cadres de l'armée, mais aussi l'échec de tous les efforts tendant à restaurer la monarchie –, la tentation pour lui a dû être grande de songer qu'il n'y avait plus rien à défendre et que tout était vain.

Aux yeux du prince, pourtant, « il y avait la France », au-delà des institutions et des hommes qui, provisoirement, la représentaient, et de cette conviction naissait une conscience très profonde de l'unité de son histoire. Ainsi, la France à laquelle il était attaché, envers et contre tout, est aujourd'hui encore la France que nous pouvons aimer et servir : elle a le visage de la liberté et du respect du droit, elle est l'héritière de 1789 mais n'oublie rien de ce qu'elle doit à l'Ancien Régime, elle se montre fière de son passé, ouverte au progrès, confiante en l'avenir.

J'ai voulu raconter la vie de ce personnage illustre du XIXe siècle qui, ayant marqué l'histoire de son temps, a su si bien préparer le nôtre. Son message, parce qu'il est intemporel, reste profondément moderne. Aumale est une boussole dans une époque tourmentée, en plein chamboulement économique et politique. Il est d'une grande loyauté envers son courant de pensée. Il est fidèle à ses idées. Écartelé entre les soubresauts d'une monarchie qui disparaît et la naissance définitive de la République, il fait passer l'intérêt de la France avant ses intérêts propres. Car il ne se trompe jamais de combat et use des armes légitimes pour tenter d'imposer ses convictions. En combattant l'Empire, il ne combat jamais la France.

Lorsqu'il est trois fois académicien, collectionneur, patron de presse, député ou soldat, c'est toujours « une certaine idée » de la France qui l'anime. Et si l'exil est incontestablement une souffrance, jamais il ne cède à la fatalité, au découragement ou à l'amertume. Sans cesse en action, sans cesse à la recherche d'initiatives nouvelles, acceptant et comprenant qu'une nouvelle restauration, même sous une forme constitutionnelle, est impossible, il respecte avant tout le choix du peuple français. Une triple fidélité est au cœur de son engagement, fidélité à la nation, fidélité à la démocratie, fidélité à sa famille. Il nous montre que l'action est dérisoire lorsqu'elle n'est pas au service d'une conviction et qu'il n'y a pas de courage qui ne s'inscrive dans la durée.

Aumale, avec sagesse, a voulu que son domaine de Chantilly, le parc, le château, la fabuleuse collection de peintures et de livres, ne soit pas dispersé, et qu'il échappe aux avatars de l'actualité. En le léguant à l'Institut de France en 1886, il a su le protéger. Dans son testament, il écrivit ces mots magnifiques :

Voulant conserver à la France le domaine de Chantilly dans son intégrité avec ses bois, ses pelouses, ses eaux, ses édifices et tout ce qu'ils contiennent, trophées, tableaux, livres, archives, objets d'art français dans toutes ses branches et de l'histoire de ma patrie à des époques de gloire, j'ai résolu d'en confier le dépôt à un corps illustre qui m'a fait l'honneur de m'appeler dans ses rangs à un double titre, et qui, sans se soustraire aux transformations inévitables des sociétés, échappe à l'esprit de faction comme aux secousses trop brusques, conservant son indépendance au milieu des fluctuations politiques.

Le duc d'Aumale incarne les valeurs qui rendent les Français fiers de la France. Indépendance, autorité, loyauté, passion sont les traits saillants de son caractère. Dans un monde i...
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