Jacques Martin, l'empereur des dimanches, l'empereur des dimanches
EAN13
9782809800739
ISBN
978-2-8098-0073-9
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
ARTS ET SPECTAC
Nombre de pages
240
Dimensions
10 x 10 x 2 cm
Poids
334 g
Langue
français
Code dewey
920
Fiches UNIMARC
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Jacques Martin, l'empereur des dimanches

l'empereur des dimanches

De ,

Archipel

Arts Et Spectac

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DES MÊMES AUTEURS

Grégory, sur les pas d'un ange, L'Archipel, 2007.

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eISBN 978-2-8098-1107-0

Copyright © L'Archipel, 2008.

À Georges Folgoas qui, malgré
la maladie, nous a accordé
une dernière interview

Préface,

par Jacques Chancel

Il craignait tant de n'être pas aimé qu'il entrait facilement en indifférence, imposant à ses proches des distances qu'il n'appréciait guère. Toute critique lui était insupportable. Ce n'était pas vanité, seulement douleur. Jacques Martin exhibait au grand jour, sur petite lucarne, ses éclats de comédie pour n'avoir pas à dévoiler ses sentiments profonds, sa permanente angoisse. La pudeur lui semblait une protection, la méchanceté une arme dissuasive. Il se voulait tiraillé entre humour, tendresse et peur. Il savait bien des choses, plus que beaucoup d'autres, mais son ignorance du bonheur faisait notre étonnement. Il en avait conscience : « J'ai triomphé à ma manière dans quelques domaines, mais je ne réussis toujours pas à être heureux. »

Je me suis demandé si c'était bien à moi d'écrire cette préface. Paul Ceuzin, son complice, associé, avait plus de motifs de dire la vérité. Mais j'ai cru y trouver une certaine justification.

Jacques, dans des moments où il ne lui paraissait pas regrettable de se souvenir, me disait : « Tu es le responsable de mon arrivée à Paris. »

C'est déjà une vieille histoire. J'étais un jeune journaliste, impatient, passionné, je m'éblouissais de l'inattendu, je me cherchais à travers les autres, « Radioscopie » s'offrait alors comme rampe de lancement. J'y avais reçu Germain Muller, l'Alsacien modèle, poète et philosophe, rencontré à Strasbourg. « Nous tenons ici, m'avait-il confié, un énergumène qui devrait vous intéresser. L'exact personnage d'une comédie musicale. Retenez son nom : Martin... »

Quelques semaines plus tard, un dimanche, dans mon bureau du quotidien Paris Jour, Faubourg-Mont-martre, regardant par hasard une émission de la station alsacienne retransmise par la chaîne nationale, je découvre une sorte de Frégoli, possédant lui aussi un don de transformation peu ordinaire, tour à tour chanteur, danseur, mime, imitateur, pamphlétaire, capable de remplir à lui seul cent rôles différents. Enthousiasmé par cette performance venue de province, j'écris aussitôt un long papier en forme d'éloge, titré « La Révélation ». Aux dernières lignes, je suggère que la télévision gagnerait à l'accueillir à Paris. Au téléphone, le lendemain, Jacques Martin, m'annonce : « Merci, j'arrive. » Nous avons parlé de cet épisode à l'hôtel du Palais, à Biarritz, où je le voyais pour la derni ère fois, si mal, si loin de tout, mais tellement bien accompagné, par Jean-Louis Leimbacher, le directeur général de l'établissement qui lui aura donné d'ultimes mois de douceur, et aussi par Leïla et Gaby, quotidiennement occupés à lui faire croire qu'il y avait encore des bonheurs de table. Bien sûr, nous eûmes des feux de joyeusetés aux temps héroïques de ses marches impériales, avenue de Wagram. Je n'ai rien oublié de nos turbulences au Comité des programmes d'Antenne 2 où, en fin de service, nous chantions, mêlant les cantiques aux romances païennes. Jacques excellait dans les deux exercices. Il proclamait avec le plus grand sérieux : « Nous touchons au divin après chacune de nos interventions », prenant à témoin les fidèles du jeudi soir, Contamine, Pivot, Tchernia, Drucker, Jammot, tous gens de bonne compagnie. Vous verrez dans cet ouvrage ce que furent les années Martin où s'affichait la belle impertinence du « Petit Rapporteur », de la « Lorgnette », sa tendresse pour les enfants. Vous constaterez aussi de quelle inconstance il fit preuve pour ne pas être totalement lui-même. Il était assez doué pour explorer tous les genres et s'y anéantir. Je lui en faisais parfois le reproche, il persistait dans cette certitude : « Je vais droit sur des lignes courbes. » Il ajoutait, ironique : « Nous avons les mêmes gourmandises, toi et moi, mais nous n'habitons plus le même univers. J'ai fait de la vie, publique et privée, une comédie. Je suis dans le virtuel, tu fréquentes le réel. Qui triche ? »

Aux dernières secousses de son existence, je n'étais plus là ; j'avais compris, à Biarritz, qu'il fallait respecter sa solitude. Les plus proches n'étaient à la vérité que des passants. Il m'avait regardé, l'œil allumé : « Crois à ma lucidité, fût-elle malmenée par les événements... C'est vrai, j'ai fait tant de choses, trop de choses, mais j'aurai eu la satisfaction de jouer La Belle Hélène, d'honorer Offenbach... Ma souffrance, elle, vient d'une traîtrise : on m'a volé mes dimanches et mon empire. Point final. »

Jacques Martin appartient désormais à l'histoire de la télévision, qui s'invente déjà des légendes. Il est du patrimoine français. Unique en son genre. Si loin des éphémères qui meublent nos écrans le temps d'une saison. A-t-il été aimé comme il en rêvait ? Il a l'estime et le respect, c'est bien plus glorieux.

Avant-propos

Jacques Martin est né le 22 juin 1933. « Le jour où Hitler a pris le pouvoir. C'est pour cela que ma mère s'en souvient », confiait-il à son ami Jacques Chancel. La phrase est amère. Elle résume, à elle seule, toute la rancœur de Jacques Martin, animateur préféré des Français pendant trente ans, vedette incontestée et incontestable du petit écran et grand amuseur devant l'Éternel. Cette phrase-là est, à peu de chose près, tout ce qu'il a jamais confié au grand public de sa petite enfance.

Incroyable mais vrai. À l'heure où la vie privée des artistes – chanteurs, comédiens, danseurs –, sans oublier les hommes et bien sûr les femmes politiques, s'étale à la une d'une presse toujours plus indiscrète, un homme, un seul, a su se taire, mettre un bâillon sur la souffrance, faire mine d'oublier le malheur des premi ères années. Naître à la scène et au succès sans jamais se dévoiler. Ou si peu ! Quelques lignes dans un journal. Quelques mots à un ami. Un soupir devant une église. Un sourire méchant au détour d'une question. Par sa pudeur, Jacques Martin ne facilite pas la tâche de ceux ou de celles qui, à travers l'animateur, cherchent l'enfant. Pour le débusquer, il faut ruser, observer. Écouter. Lire entre les lignes. Grappiller, de-ci, de-là, des bribes de souvenirs le plus souvent insupportables. Une quête longue, difficile, peu productive à dire vrai. Même si, au bout du compte, on finit par peindre, à petites touches, un portrait, fût-il flou, de l'artiste et de son entourage familial. Ce portrait a été dressé avec l'aide des proches de Jacques Martin, amis et professionnels, mais aussi grâce aux très nombreuses interviews accordées par l'animateur lui-même. Les pistes que nous avons suivies conduisent toutes aux mêmes sources. Celles d'un destin hors du commun, exemplaire parfois.

1

« Il osait se moquer et avait trois mille idées à la seconde.
Avec de l'humour, il se permettait tout.
Toutes les idées se retrouvaient autour de la cuisine,
qui était aussi sa grande grande passion. »

(Danièle Évenou)

D'abord, il y a le grand-père maternel, Johannès Ducerf. Un homme, Ducerf ? Non : une légende ! Grand cuisinier, il n'a pas son pareil pour créer des plats ressemblant à des œuvres d'art. D'où tient-il son talent ? Comment a-t-il acquis le goût des fourneaux? Ce qui est sûr, en tout cas, c'est que cet athl ète au visage barré d'une énorme moustache mijote, pare, rôtit, barde comme aucun autre. Un artiste aux allures de Gargantua qui fait ses achats comme on peint. Chaque pièce de viande est traitée avec les plus grands égards. Chaque légume est regardé avec amour. Derrière ses fourneaux, Ducerf fait naître tout un monde de saveurs et d'odeurs inimitables, de quoi faire venir l'eau à la bouche aux plus difficiles des convives. Rien d'étonnant alors si cet homme issu de la France profonde conquiert les grands de ce monde, à commencer par le Kaizer, le prince Demidoff...
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