Croisière maudite
EAN13
9782809801699
ISBN
978-2-8098-0169-9
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
Suspense
Nombre de pages
450
Dimensions
24 x 15,3 cm
Poids
614 g
Langue
français
Langue d'origine
anglais
Code dewey
849
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DES MÊMES AUTEURS

CHEZ LE MÊME ÉDITEUR

Le Grenier des enfers, 2009.
Le Livre des trépassés, 2008.
Relic, 2008.
Danse de mort, 2007.
Le Violon du diable, 2006.
Les Croassements de la nuit, 2005.
La Chambre des curiosités, 2003.
Ice Limit, 2002.

DE DOUGLAS PRESTON

Credo, le dernier secret, 2009.
T-Rex, 2008.
Le Codex, 2007.

Ce livre a été publié sous le titre
The Wheel of Darkness
par Warner Books Inc., New York, 2007.

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Montréal, Québec H3N 1W3.

eISBN 978-2-8098-0981-7

Copyright © 2007 by Splendide Mendax Inc. and Lincoln Child.
Copyright © L'Archipel, 2009 pour la traduction française.

1

Perdus au milieu des rochers meurtris par le gel, deux minuscules points noirs avançaient péniblement le long d'un sentier à peine visible dans l'immensité majestueuse de la vallée de Llölung. Une vallée désolée, décharnée et abandonnée, balayée par un vent glacial dont le hurlement était couvert, à intervalles réguliers, par les cris des aigles noirs. Juchées sur des chevaux, les deux silhouettes progressaient péniblement vers une gigantesque barrière de granit, haute de plus de cinq cents mètres, le long de laquelle s'écoulait, en un lent filet d'eau, la source de la rivière Tsangpo. Le sentier s'enfonçait dans l'ombre d'un défilé pour mieux réapparaître quelques dizaines de mètres plus haut, taillé à même la roche, le long d'une crête qui disparaissait plus loin entre deux aiguilles acérées. L'immensité gelée de trois des géants de l'Himalaya couronnés d'une brume de neige perpétuelle, le Dhaulagiri, l'Annapurna et le Manaslu, constituait le décor éblouissant de ce tableau magique que surmontait une mer de nuées orageuses.

Les deux voyageurs remontaient la vallée en se protégeant des assauts du vent, emmitouflés dans des pèlerines à capuchon. Leur long périple touchait à son terme et ils avançaient imperturbablement en dépit du temps menaçant, poussant du mieux qu'ils le pouvaient des montures au bord de l'épuisement. À l'approche de l'entrée du défilé, il leur fallut par deux fois traverser un torrent avant de s'enfoncer dans l'obscurité de la gorge.

La sente déroulait son étroit chemin au-dessus du torrent, parsemée de plaques d'une glace bleutée. D'épais nuages noirs roulaient dans le ciel, poussés par le vent qui rugissait le long des arêtes de pierre.

Le sentier changeait du tout au tout au pied de la paroi à pic, offrant aux voyageurs un visage terrifiant. Les quatre murs en ruine d'un ancien refuge apparurent sur une langue de pierre. À l'entrée de l'étroit passage se dressait une pierre monumentale sur laquelle était gravée une prière, ses caractères tibétains polis par les mains des milliers de voyageurs soucieux d'obtenir une ultime bénédiction divine avant d'entamer une ascension périlleuse.

Les deux voyageurs firent halte à hauteur du refuge et descendirent de cheval. Il n'était plus question de poursuivre autrement qu'à pied en tenant leurs montures par la bride, la roche qui surplombait le sentier étant trop basse pour permettre le passage d'un cavalier. Chaque fois que la sente s'était effondrée à la suite d'un éboulement, de petits ponts de bois branlants assuraient la continuité du chemin, simples allées de planches sans rambarde posées sur des madriers enfoncés dans la roche. La pente était si raide que les voyageurs étaient parfois contraints d'escalader des marches glissantes, grossièrement taillées dans la pierre, usées par les sabots des animaux et les souliers des pèlerins.

Le vent avait tourné à présent et traversait le défilé en faisant un bruit sinistre, apportant avec lui des bourrasques de flocons blancs. Le ciel était si sombre qu'on aurait pu croire la nuit tombée, mais les deux voyageurs poursuivaient infatigablement leur route, se jouant opiniâtrement des escarpements et du verglas qui recouvrait les marches. À mesure qu'ils avançaient, le grondement de la cascade se réverbérait contre les parois de la montagne jusqu'à former avec le vent une mélopée mystérieuse.

Parvenus au sommet de la crête, les voyageurs s'arrêtèrent, battus par des rafales qui faisaient virevolter leurs pèlerines en leur cinglant méchamment le visage. Penchés en avant, tirant sur la bride de leurs chevaux réfractaires, ils longèrent la crête jusqu'aux restes d'un village abandonné. L'endroit était inquiétant, les masures comme chamboulées par un cataclysme ancien, les briques de terre achevant de se dissoudre au milieu d'un enchevêtrement de poutres et de solives.

Au centre du village se dressait un tas de pierres surmonté d'un mât artisanal sur lequel flottaient des dizaines de fanions de prière en lambeaux. L'enceinte de l'ancien cimetière du hameau s'était effondrée et les tombes avaient fini par s'ouvrir sous l'effet de l'érosion, déversant leur lot de crânes et d'ossements le long de la pente. En s'approchant, les deux voyageurs firent fuir une nuée de corbeaux qui s'égaillèrent dans tous les sens en poussant des cris de protestation, leurs croassements grinçants se lançant à l'assaut des nuages noirs.

L'un des voyageurs s'avança vers un tas de pierres en faisant signe à l'autre de l'attendre. Il se baissa et ramassa un caillou usé qu'il replaça sur le tas, puis il se plongea dans une courte méditation, sa tunique battant au vent, avant de remonter sur son cheval et de continuer sa route.

Le sentier suivait une crête étroite à la sortie du village désert. Les deux silhouettes contournèrent un flanc de montagne, traquées par les assauts du vent, et découvrirent enfin les contours d'une énorme forteresse dont les toitures se découpaient sur le ciel plombé.

Les deux voyageurs touchaient enfin au but. Laissant la montagne derrière eux, ils distinguèrent peu à peu les murailles rouges et les contreforts d'un bâtiment adossé à la paroi de granit. Les tours et les toits, recouverts de feuilles d'or, brillaient faiblement dans la lumière chiche.

Le monastère de Gsalrig Chongg – que l'on pourrait traduire par « Joyau de la conscience du néant » – était l'un des rares à avoir échappé aux ravages de l'invasion chinoise qui avait vu périr des milliers de lamas. Le dalaïlama lui-même avait été contraint de fuir sous la menace des armes tandis que temples et monastères étaient rasés par centaines. Gsalrig Chongg avait dû sa survie à son éloignement comme à sa proximité avec une frontière contestée avec le Népal, et peut-être plus encore à la cécité d'une bureaucratie tatillonne sous le radar de laquelle il avait réussi à se maintenir. Jusqu'à ce jour, les cartes de la Région autonome du Tibet ne mentionnaient pas même son existence, un anonymat salutaire auquel ses occupants tenaient par-dessus tout.

Le chemin sur lequel avançaient les cavaliers longea un éboulis au bas duquel des vautours s'acharnaient sur des restes d'ossements.

— Quelqu'un sera décédé récemment, murmura le premier voyageur en montrant d'un mouvement de tête les rapaces qui vaquaient tranquillement à leur morne besogne sans se soucier des visiteurs.

— Comment le savez-vous ? s'étonna son compagnon.

— Lorsqu'un moine décède, on découpe son corps en morceaux que l'on jette en pâture aux animaux sauvages. Dans ces contrées, voir sa dépouille servir de nourriture aux êtres vivants est considéré comme un honneur insigne.

— Curieuse coutume.

— Je trouve leur logique irréprochable, au contraire. Si vous voulez mon avis, ce sont nos coutumes qui sont curieuses.

Le sentier s'arrêtait au pied d'une poterne de petite taille qui venait rompre l'harmonie de l'enceinte. Le battant de bois était ouvert et un moine bouddhiste vêtu d'une tunique orange et pourpre se tenait sur le seuil, une torche à la main, donnant l'impression d'attendre les voyageurs transis.

Ceux-ci franchirent la poterne en tenant leurs montures par la longe. Un second moine s'approcha qui leur prit les rênes des mains en silence avant d'entraîner les animaux à l'écart jusqu'aux étables érigées à l'intérieur de l'enceinte.

Dans la nuit tombante, le...
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