Les derniers jours des Romanov
EAN13
9782809800562
ISBN
978-2-8098-0056-2
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
Histoire
Nombre de pages
264
Dimensions
10 x 10 x 2 cm
Poids
355 g
Langue
français
Code dewey
947.083
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Les derniers jours des Romanov

De

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Histoire

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DU MÊME AUTEUR

Vauban, le maître des forteresses, L'Archipel, 2007.

Les Mystères des cathédrales, de Vecchi, 2007.

Les Grands Assassinats, Trajectoire, 2006.

La Seconde Guerre mondiale, de Vecchi, 2005.

Voyage au bout de la galaxie : premier guide touristique de la Voie lactée, JMG éd., 2004.

Le Temps manipulé, F. Lanore, 1996.

www.editionsarchipel.com

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eISBN 978-2-8098-1100-1

Copyright © L'Archipel, 2008.

Introduction

Retour vers le passé

« Le peuple russe possède une longue
tradition de tsars forts. »

Vladimir Poutine

La guerre germano-soviétique de 1941, la mort de Staline, le « bip, bip » de Spoutnik, le vol spatial de Gagarine, la perestroïka de Gorbatchev et la disparition de l'Union soviétique : autant d'événements cruciaux qui ont émaillé l'interminable XXe siècle russe. Et pourtant, aucun n'aurait atteint la charge émotionnelle du massacre de la famille impériale. Telle était tout au moins l'opinion d'Hanna Barysevitch, doyenne de l'humanité en 2005. Âgée de trente ans au moment de la fin tragique de Nicolas II, cette Biélorusse expliquait encore, quatre-vingt-sept ans après l'événement, qu'il lui avait procuré la plus grande joie de son existence. À ses yeux, l'exécution du tsar préfigurait sans nul doute l'avènement d'un monde meilleur. Elle dut rapidement déchanter...

Faible, indécis, influençable : l'Histoire n'est pas tendre pour qualifier le dernier tsar de Russie. Un être chétif, sans envergure et sans ambition, plus tracassé par le sort de sa famille que par celui de ses sujets. L'homme le plus influent de l'Empire est la dernière personne qu'ait rencontrée le tsar, plaisante-t-on à la cour de Saint-Pétersbourg. Pendant son long règne de près d'un quart de siècle, Nicolas II a vécu dans la crainte de son peuple. Plus encore, il redoute de connaître le sort de son grand-père. En 1881, en effet, Alexandre II est mort sous les bombes des nihilistes. Quand son petit-fils monte sur le trône, treize ans plus tard, il a la peur au ventre. D'aucuns le comparent à Louis XVI face aux soubresauts révolutionnaires. Qui plus est, l'impopularit é de sa femme Alexandra Fedorovna n'est pas sans rappeler celle de Marie-Antoinette : entre autres, on lui reproche ses origines allemandes et ses relations privilégiées avec un personnage contesté et pour le moins singulier, le dénommé Raspoutine.

A priori, la lecture des événements de 1917 ne milite pas en faveur du couple impérial. En l'espace de cinq jours, les insurgés de Petrograd vont renverser une dynastie tricentenaire...

En juillet 1918, le monde apprend une nouvelle qui le stupéfie. Ils ont osé exécuter le tsar ! Ils ? Lénine et ses sbires. Quelque part au fin fond de l'Oural, les bolcheviks ont fusillé Nicolas II et toute sa famille pour ensuite brûler les corps dans une forêt. Selon l'expression même de Lénine, « l'ennemi le plus terrible du peuple russe » ne pouvait survivre à la chute du tsarisme. Cet événement sans précédent traduit à la fois la détermination et la cruauté des nouveaux maîtres de la Russie. Faire table rase du tsarisme et ce, quel qu'en soit le prix, tel est leur principe. Dans les chancelleries occidentales, on s'effraie de tant de haine. Le bolchevik est rapidement caricaturé sous la forme d'un paysan illettré, hirsute et hagard, serrant un couteau entre ses dents. En exécutant les Romanov, le tout nouveau Conseil des commissaires du peuple s'érige en pourfendeur de l'ancien ordre social et radicalise l'opinion de ses détracteurs. Le massacre d'Ekaterinbourg porte-t-il en germe le futur régime stalinien ?

Quoi qu'il en soit, une dictature en chasse une autre. Très rapidement, les victimes d'hier se transforment en bourreaux. Le sacrifice de Nicolas II sur l'autel de la révolution modifie l'image même du tsar. Après l'épilogue tragique de la maison Ipatiev, le dictateur abhorré devient un martyr.

Le 17 juillet 1998, soit quatre-vingts ans jour pour jour après le massacre d'Ekaterinbourg, neuf corps sont inhumés en grande pompe en la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul de Saint-P étersbourg. Seuls manquent à l'appel les dépouilles du tsarévitch et de sa sœur Maria. En présence du président russe Boris Eltsine, du charismatique général Lebed et de trois mille invités triés sur le volet, parmi lesquels les historiens fran çais Jean des Cars et Hélène Carrère d'Encausse, la Russie rend un hommage solennel au tsar assassiné. Alors que la France est plongée dans l'euphorie de sa victoire à la Coupe du monde de football, la Russie enterre ses souverains. Sous la protection de mille deux cents commandos, le tsar, son épouse, trois de leurs enfants, le docteur Botkine et les trois domestiques massacr és dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918 sont officiellement inhumés devant une foule émue et respectueuse.

Sept ans après la disparition de l'Union soviétique, la Russie renoue avec son passé tsariste. Destitué, honni, et exécuté par les révolutionnaires bolcheviks, le tsar est désormais réhabilité et honoré. Cérémonie du souvenir, l'inhumation du 17 juillet 1998 est aussi celle du repentir et de la réconciliation. « Pendant quatre-vingts ans, déclare Boris Eltsine la veille de l'événement, on a caché la vérité, on n'a rien dit... » Avec la fermeture de la parenthèse communiste, la Russie redécouvre son lointain passé. Elle n'est plus une nation révolutionnaire à peine centenaire dont l'acte de naissance ne remonterait qu'à l'année 1917, mais une civilisation millénaire, unique et essentielle sur l'échiquier européen. Les livres d'Histoire russe sont hâtivement réécrits et les écoliers se familiarisent avec les règnes d'Ivan le Terrible, de Pierre le Grand ou d'Alexandre II. En ce début de XXIe siècle, on brandit de nouveau les étendards de l'orthodoxie et de la Russie éternelle...

Comment expliquer un tel retournement de l'Histoire ? Amnésiques pendant soixante-quatorze ans, les Soviétiques redevenus des Russes se sont-ils pour autant transformés en thuriféraires de la monarchie ? En d'autres termes, les compatriotes de Poutine ont-ils troqué les lunettes rouges de l'ère soviétique pour les jumelles roses de la nouvelle Russie ?

Aujourd'hui, le portrait du tsar est plus présent dans les foyers russes que celui de son successeur Lénine. Les églises de Moscou et les musées tsaristes de Saint-Pétersbourg sont pris d'assaut et les livres contant les heurs et malheurs de la dynastie Romanov rencontrent un succès sans précédent. À Ekaterinbourg même, la cathédrale sur le Sang ne désemplit pas. Les pèlerins sont toujours plus nombreux, on porte ostensiblement des portraits et des icônes du tsar assassiné et l'on n'hésite pas à ressortir les vieux uniformes de l'ère tsariste. Les Russes blancs eux-mêmes ont le vent en poupe. En avril 2008, Andrei Schmemann, un émigré russe de quatre-vingt-trois ans résidant en France, est décoré de la médaille Pouchkine, l'une des plus hautes distinctions culturelles de la Russie, aux côtés de trois autres exilés : les princes Troubetzkoï et Schakhovskoï et Alexandre Bobrikov, conservateur du musée des cosaques de la Garde impériale à Courbevoie. Une véritable contre-r évolution culturelle.

Depuis le début des années 2000, on assiste à un désir manifeste des Russes de retrouver leurs racines. Le XXIe siècle a un étrange parfum de XIXe siècle. Les noms des villes eux-mêmes témoignent du retour de la Russie éternelle : Leningrad est ainsi rebaptisée Saint-Pétersbourg et Sverdlovsk recouvre son nom d'antan, Ekaterinbourg. Quatre-vingt-dix ans après l'assassinat de Nicolas II, la devise tsariste « un tsar, un peuple, une foi » n'a pas pris une ride. Elle s'adapte parfaitement à l'orientation du nouveau régime russe. Autrement dit, le désormais Premier ministre Poutine se pose en digne héritier de l'autocratie et de l'orthodoxie. Toute sa politique vise à renouer avec le passé prestigieux de la Russie. Son ambition première est de redonn...
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