Ma vie.com
EAN13
9782809800463
ISBN
978-2-8098-0046-3
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
ARTS ET SPECTAC
Nombre de pages
268
Dimensions
10 x 10 x 2 cm
Poids
352 g
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Indisponible

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Et, pour le Canada, à
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Montréal, Québec, H3N 1W3.

eISBN 978-2-8098-1096-7

Copyright © L'Archipel, 2008.

Prélude

Lorsqu'il m'a été proposé de me raconter en adressant des lettres à différents interlocuteurs (personnages, situations ou concepts) qui ont jalonné ma route ou marqué mon destin, j'ai opté pour le mail car je suis une adepte de l'expression immédiate et concise.

Le souvenir de l'étudiante en psychologie clinique que j'étais a alors affleuré à ma mémoire. Je me rappelle certains exercices ludiques que nous avions à effectuer : il s'agissait d'écrire, sur un bout de papier, le premier terme qui nous passait par la tête. Ensuite, chacun d'entre nous tirait au sort l'un de ces mots mélangés dans un sac et devait s'exprimer à son sujet durant quelques minutes, dans le but d'apprivoiser son trac et d'apprendre les notions de concision et de justesse.

Je me souviens que le hasard m'avait fait choisir le mot « timbre-poste ».

Le timbre-poste, la lettre, le mail, envoi, « en-voix »...

Dans ce livre, je me suis donc employée, sur le modèle de ce jeu, à aligner les mots concrets ou symboliques qui me venaient à l'esprit, en confiant au hasard – qui n'existe pas – le soin d'y trouver une logique...

J'ai voulu ce prélude – du latin praeludare, « se préparer à jouer » – pour expliquer la genèse de cet ouvrage, appréhendé comme un jeu. Un jeu d'enfant, à l'image de celui qui me poussa à écrire des chansons dès l'âge de neuf ans, et qui ne s'est jamais interrompu depuis.

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Mon enfance.com

[MySpace]

Mon enfance

Mon enfance est comme un puzzle dont il manquerait quelques pièces, des étincelles de rires dans un long tunnel gris. Mais, plus loin, enfouie dans le jardin de ma maison, mon enfance, c'est le bonheur paisible, la tendresse douce et chaude du lait maternel.

L'enfance en couleurs

« Il ne faut jamais revenir
Au temps caché des souvenirs
Du temps béni de son enfance1 »

Comme Barbara, je suis revenue, « hélas », sur le « site » de mon enfance.

J'ai voulu revoir, à l'âge adulte, la petite ville de Pont-Sainte-Maxence (Oise), où je suis née et où, jusqu'à l'âge de huit ans, j'ai vécu une enfance en couleurs.

J'ai voulu retrouver la maison et le jardin, si grand dans ma mémoire, où batifolait notre chien Aramis, un setter irlandais, et où, avec maman, nous cueillions les fraises et les asperges.

J'ai voulu entendre l'écho de nos rires d'enfants et la voix énamourée d'Olga, la meilleure amie de maman, qui fut ma maîtresse d'école maternelle.

Mamanminou, ainsi l'appelions-nous, avait deux enfants, Pascal et Sophie. Ils faisaient partie de la famille. Avec eux et Jean-Michel – mon frère cadet, que je considérais comme un jumeau tant nous étions inséparables –, je jouais toute la journée dans le jardin. Nous avions une auto bleue à pédales et, pour aller plus vite, les jambes sur le capot de la voiture, je me faisais pousser par Pascal, qui courait. Mon grand-père regardait la scène du perron : « Elle ira loin, celle-là ! »

« Dans les dessins d'enfants
Tout paraît plus haut
Tout paraît plus grand
[...]
Les couleurs ternissent
On ne dessine plus, on grandit
Faut-il que je vieillisse
Que tout soit de plus en plus petit2. »

Lorsque je suis revenue sur les traces de mon enfance colorée, je n'ai vu qu'une maison en briques rouges – je n'aime pas ce style de construction –, si petite, ordinaire, entourée d'un parking jonché de voitures: une horreur !

Le charme était définitivement rompu, emportant avec lui les souvenirs magiques de mes premières années.

L'enfance en noir et blanc

Jour et nuit voué à ses patients, mon père, médecin, ne nous voyait pas grandir. Lorsque j'ai eu huit ans, nous avons quitté Pont-Sainte-Maxence pour Nice, plus proche de la Corse où habitait la famille de maman. Le Dr Belle avait tissé des liens si forts avec chaque foyer que tout le monde pleurait à notre départ, nous compris. Ce fut ma première expérience d'un grand chagrin.

Notre installation à Nice est associée à un sentiment de déracinement.

Je me suis retrouvée dans une classe où une maîtresse d'école, très différente de ma chère Olga, m'a demandé d'où je venais. Ne connaissant pas le village de mon enfance, elle décida, méprisante, de me surnommer « Fouilly-les-Oies ».

Elle tirait, comme une sourde, les oreilles des écoli ères. J'étais malheureuse, j'appréhendais l'heure d'aller à l'école, au point d'en vomir mon petit déjeuner. Mon père, qui d'habitude ne pouvait pas venir me chercher à la sortie des classes, trouva le temps de le faire pour s'expliquer avec cette institutrice à moitié folle – j'ai su plus tard qu'elle avait été internée !

De cette période fort désagréable, je ne conserve pas – ou si peu – de grands et beaux souvenirs d'enfance.

Quelques séquences de bonheur fugitif s'en échappent toutefois : lorsqu'on se rendait en Corse, par exemple, et que mon oncle pêchait des poissons et des langoustes, qu'on faisait griller sur la plage. Et puis, je nourrissais une vive complicité avec Jean-Michel et « Grigri » – Michel Grisolia –, mon frère adoptif qui partageait nos jeux.

Mon père ne prenait qu'un mois de congé par an. En août, nous passions immanquablement nos vacances à Veurey-Voroize, près de Grenoble, dans la maison familiale des Belle, où vivait mon grand-père, et près de laquelle sont enterrés mes parents. Dans cette demeure austère, une ancienne commanderie de templiers, tout était lié à la notion de devoir : il fallait être à table à l'heure, arracher les mauvaises herbes des allées, faire nos devoirs de vacances, les courses...

Mais il n'y a pas que des ombres à ce tableau : je me souviens du court de tennis en terre battue que mon grand-père avait fait construire lorsque mon père avait eu son bac. Et c'est papa qui m'a transmis sa passion du tennis ! Il y avait aussi, dans le parc, près du petit jardin de buis, une grande balançoire verte en bois, qui tanguait comme un bateau. Lorsqu'elle montait très haut, nous nous amusions à toucher les feuilles des arbres...

Mon enfance s'est achevée lorsque je suis entrée au collège. À l'image d'un tunnel sans fin, où je me serais engouffrée pour simplement passer de classe en classe, cette période m'a semblé longue et ennuyeuse. J'avais le sentiment que rien ne viendrait agrémenter ces années incolores, essentiellement marquées par le travail scolaire, les efforts, les devoirs de vacances... Quelques prénoms me restent en mémoire : Martine, Denise, qui jouait du piano... et c'est à peu près tout.

À partir de la quatrième, les choses ont changé. Je commençais à me concentrer sur mon passe-temps favori, faire le pitre, donc à récolter de mauvaises notes.

Puis, en classe de seconde, j'ai rencontré Cathy, inséparable amie avec qui je chahutais épouvantablement. Cathy, que j'évoque dans « Un piano noir » :

« En ce temps-là, nous chantions les mêmes chansons
En ce temps-là, nous parlions des mêmes garçons
Et nous rêvions alors
De tout avoir
Tu as une maison et moi, un piano noir...3 »

De : mariepaule@mavie.com

À : maman@mafamille.com

Objet : Naissance

Ma petite maman, te souviens-tu de la nuit du 25 janvier 1946 où je suis née avec trois semaines d'avance ? Tu m'as dit que les prématurés avaient une intelligence exacerb ée ! Comme tu as dû avoir peur quand, lors de l'incendie qui embrasait l'orphelinat situé en face de la maison, une voix s'est élevée dans la nuit : « Prenez des enfants ! Prenez des enfants ! » Tu as eu si peur que tes contractions se sont brutalement déclenchées... À chaque anniversaire, je pense à ta frayeur, mais je me console en me disant que je ne t'ai pas fait souffrir trop longtemps, puisque j'ai vu le jour à sept heures du matin...

[MySpace]

Maman

Papa était tellement absorbé par son travail que maman devait cumuler les rôles de père et de mère : elle nous servait de repère, et c'est elle qui disait « non ».

Elle prenait tout en charge, y compris les tâches administratives. Lorsqu'elle...
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