Ponant

Conseillé par
31 mai 2016

L'odeur du café se lit comme on feuilletterait un album photo dans lequel Dany Laferrière a fixé des instantanés de son enfance caraïbe.
C'est une myriade de petits moments, de choses simples telles que le chien, la maison, la pluie etc. ou de conversations entendues alors qu'il était près de sa grand-mère l'été de ses dix ans en 1963. Il ne veut rien en oublier et les recueille ici dans ce livre.
Mais derrière toutes ces anecdotes enfantines, se profile le portrait d'une société haïtienne encore sous le joug de Duvalier qui maintenait le pays dans la misère et la terreur. Il ne devait pas trop faire bon vivre à l'ombre de Papa Doc et ses tontons macoutes , et si le bonheur pouvait encore exister, c'était grâce souvent à des gens qui "vous protègeaient à votre insu ".
C'est à celle qui a su le protéger et lui apprendre la vie que Dany Laferrière rend un bel hommage dans une langue simple mais aux puissants arômes créoles.

Conseillé par
30 mai 2016

Israélienne, juive devenue pratiquante pour l'amour de son mari, Zahava qui respecte les principes religieux du quotidien, est une épouse et mère de famille tranquille qui se satisfait de sa routine familière. Mais quand soudain elle découvre un indice qui lui laisse supposer que son mari pourrait la tromper, c'est la crise !
Bien qu'elle ait depuis longtemps perdu tout intérêt pour un amour endormi par les décennies de vie commune et de frustrations, la voilà, à son grand étonnement, devenue le jouet d'une jalousie féroce et se met à chercher les preuves de la culpabilité de son époux.
Abandonnant toute retenue, son esprit se met à battre la breloque, se perd en conjectures et présomptions mais Zahava en femme intelligente, réfléchit aux indices. Ce faisant, elle renforce les soupçons qui nourrissent son obsession et l'entraînent dans une folle aventure qui mêle joyeusement les situations absurdes et élucubrations aux interrogations philosophiques.
Au fil des pages, Zahava constate combien sa vie s'est égarée et après avoir perdu tant d'années, elle éprouve le besoin de se libérer.
En jouant d'ironie et en posant d'habiles questions, Benni Barbash laisse Zahava s'enfermer dans ses mensonges, puis l'amène à prendre conscience de ses erreurs de jugement pour se poser les bonnes questions et trouver sa propre vérité. Avec brio et beaucoup d'humour l'auteur montre comment parfois il s'en faut juste d'un cheveu pour bouleverser une vie.

Conseillé par
27 mai 2016

Une petite fille toute plate et une grande fille ronde qui sont comme " deux amandes d'une philippine ", s'envolent vers New-York .
La grande fille ronde en quête de gloire et surtout d'argent, espère y trouver un rôle à la hauteur de ses (supposés) talents de comédienne.
La petite fille (toute plate ) qui est sa fille, nous raconte cette escapade improvisée par une mère qui préfère prendre l'avion plutôt que de se rendre à une soirée où elle sera en retard parce que la nounou lui a fait faux bond.
Comme le hasard fait bien les choses, la maman et sa petite Grenouille vont rencontrer très rapidement les personnes qu'il faut pour leur servir sur un plateau une belle pièce pour elles toutes seules.
21 petits chapitres explorent, au travers du regard étonnement raisonnable d'une enfant de neuf ans, les relations familiales, la vie new-yorkaise et surtout le petit monde du théâtre.
Sorti pour la première fois en 1956 , le roman de Saroyan a le charme suranné des vieilles comédies hollywoodiennes qui peut séduire les amateurs du genre.

Éditions de L'Olivier

16,50
Conseillé par
23 mai 2016

Dans ces nouvelles Claire Castillon donne la parole à des femmes plus ou moins jeunes qui vivent une histoire amoureuse avec des messieurs beaucoup plus âgés qu'elles. Ces messieurs ne sont pas de vieux pervers, juste des hommes plutôt ordinaires qui se sont laissés séduire, victimes ces donzelles intrépides...
Le plus souvent illégitimes, platoniques ou charnelles, ces amours sont vues au travers du regard sans indulgence des jeunes femmes qui s'attachent aux détails pitoyables et dérangeants. Ceux qui tuent l'amour... La mèche qui cache la calvitie, les poils qui sortent des oreilles, les doigts raidis par l'arthrose, la mémoire qui fout le camps, autant de signes de décrépitude qui, observés par l'oeil féroce des demoiselles, donnent une image assez grincante de la vieillesse.
Humour bien senti dans ces nouvelles un peu méchantes ...

Sabine Wespieser Éditeur

22,00
Conseillé par
20 mai 2016

Voilà vingt ans que Dale et Hoa s'aiment mais l'équilibre de leur couple est mis à mal depuis quelques mois. Depuis l'accident de Declan, leur fils unique, la douleur et la dépression se sont installées entre eux, creusant un gouffre rempli d'une cruelle absence. Le dialogue est devenu difficile, le couple s'attache à ne parler que de généralités, de banalités, de tout ce qui ne risque pas de leur faire mal.
Aussi Dale qui doit partir quelques jours jours en voyage d'étude, propose à son épouse de l'accompagner. Il envisage cet intermède comme un possible temps de convalescence et de renouveau pour son couple.
Leur périple qui commence à Marfa dans le Texas va les mener jusqu'à Sierra Mojada au Mexique.
La route est longue, très longue et monotone. Ça pourrait être pour eux l'occasion idéale de parler mais pendant tout le voyage ils évitent d'aborder ce qui les préoccupe vraiment. Le sujet a l'air tabou. Dale et Hoa semblent craindre de faire exploser leur couple en l'abordant franchement. Leur esprit est tellement absorbé par cette pensée qu'ils ne sont pas capables de s'intéresser vraiment à autre chose. Le regard qu'ils portent sur ce qui les entoure reste en permanence superficiel, ne s'attachant qu'aux détails les plus triviaux. Pas de descriptions flamboyantes des paysages qu'ils traversent, juste quelques considérations anodines (l'oiseau qui s'écrase sur le pare-brise, le menu des restaurants ect.) mais derrière cette banalité, le feu couve, près à tout embraser.
Dans le même temps se joue une histoire singulière qui ouvre le roman sur un meurtre particulièrement barbare dont on ne nous dit pas grand chose à part les détails sordides.
On se doute bien que la route du couple va croiser celle du mystérieux tueur mais où et quand ? Et surtout pourquoi ? C'est ce qu'il vous reste à découvrir...
Pendant 300 pages Forrest Gander réussit l'exploit de ne quasiment rien dévoiler d'essentiel. En ne faisant que suggérer au travers de détails, il réussit à créer une atmosphère un peu morbide et presque surréaliste, évocatrice d'une menace souterraine. Ça n'est pas forcement toujours captivant mais suffisamment intriguant pour avoir envie de poursuivre la lecture et découvrir comment cette histoire va se terminer.
La trace est un roman qui sort des sentiers battus et déroute par l'originalité de son style.