Un pied au paradis - (LI)

Ron Rash

Éditions du Masque

  • Conseillé par
    19 août 2010

    un polar ?

    Certains romans ne rentrent dans aucune catégorie... L'histoire inventée par Ron Rash est rangée dans les polars car il y a un meurtre mais elle me semble bien trop originale pour être " cantonnée" dans ce genre.
    Le roman démarre par une enquête policière menée par le shérif Alexander. Nous sommes dans les années 50, à Oconee petit village des Appalaches du Sud et notre homme doit s'assurer que ses administrés ne disparaissent pas dans la nature... C'est le cas d'Holland Winchester, vétéran de Corée, connu pour ses frasques, qui a quitté la maison de sa mère un matin et n'est pas revenu. Les soupçons se portent immédiatement sur le voisin le plus proche de la famille Winchester : Billy Holcombe. Sa femme aurait eu une liaison avec Holland et un coup de feu a été entendu sur sa propriété le jour même de la disparition.
    Le premier chapitre a pour narrateur le shérif qui nous raconte les détails des recherches et nous confie ses états d'âme. L'enquête a lieu dans la vallée où il est né, où vit encore sa famille qui s'est sentie trahie quand il a quitté les champs pour un emploi en ville.

    Les chapitres suivants nous permettront de suivre l'affaire du point de vue de Billy Holcombe, le coupable présumé, de sa femme Amy, de leur fils et de l'adjoint du shérif. Petit à petit, la vérité est mise au jour et elle est infiniment plus complexe que ne le laissaient supposer les apparences.
    Ce roman est aussi, au delà de sa dimension policière, un hymne à la nature, plus précisément à l'agriculture. Ron Rash décrit avec une incroyable intensité le quotidien de ces forçats de la terre, soumis aux aléas climatiques. Il montre aussi l'attachement viscéral de ces hommes et femmes pour leur terre et pour leur vallée. IIs vivent en osmose avec les saisons et connaissent leur environnement intimement.
    C'est Amy qui décrit, pour moi, avec le plus de poésie cet amour de la nature, ce bonheur à voir les plantes sortir de leur torpeur hivernale pour retrouver tout leur éclat. Ses mots sont simples, sa syntaxe est parfois approximative, comme celle de son mari, il n'empêche qu'elle exprime avec force ce rapport essentiel que nous aurions dû maintenir avec notre terre (notre Terre?). Nous ne serions peut-être pas dans l'impasse climatique actuelle qui angoisse chacun de nous.
    Vous voulez un autre avis sur ce roman : allez faire un tour chez Liberty Valence .
    Un beau roman d'une poésie brute !