La tête en friche

Marie-Sabine Roger

Le Rouergue

  • Conseillé par
    16 avril 2011

    La tête en friche, c’est un peu ce que ressent Germain. La bonne quarantaine, élevé par une mère qui n’avait pas la fibre maternelle, le cerveau laissé en jachère par un maître peu pédagogue, ce géant, qu’on pourrait vite classer dans la catégorie des crétins, vivote sans se poser de questions. Les circonstances de la vie ont fait le reste : Germain est analphabète et (presque) fier de l’être. Entre son potager et ses potes du bistrot, il a de quoi faire. Mais c’est compter sans Margueritte. Une vieille dame charmante et passionnée de littérature, qu’il croise un jour au parc. Avec stupéfaction, Germain s’aperçoit qu’elle aussi, elle compte les pigeons… C’est là le point de départ d’une étrange mais pourtant solide amitié qui va naître entre l’aïeule frêle et le géant mal dégrossi. Une amitié qui va mener Germain sur des chemins inattendus qui vont lui permettre de se réconcilier avec les mots et une partie de lui-même…

    Non seulement La tête en friche est une belle histoire, pleine d’humour et d’humanité mais en plus, elle est remarquablement écrite. Certains objecteront sans doute que Germain, qui appelle un chat un chat et un con un con, ne fait pas toujours dans la dentelle ni dans le syntaxiquement correct. Mais justement, quelle prouesse de réussir à se glisser à ce point-là dans la tête d’un homme, un peu rustre mais bonne pâte, fâché avec les mots! De la bouche de Germain (et de la plume de Marie-Sabine Roger) jailissent non pas des fleurs ou des crapauds mais des tournures drôles et belles à la fois, des brèves de comptoir plus vraies que nature, cette sagesse populaire qui existe même sans être cultivée, des pépites de bon sens et une poésie loufoque et inattendue. Tout m’a plu dans cette histoire, jusqu’aux personnages secondaires, esquissés seulement pour certains, mais tellement crédibles! J’ai été enchantée par cette lecture.


  • Conseillé par
    28 juin 2010

    Germain, 45 ans vit dans une caravane au fond du jardin de sa mère. Il travaille un peu à gauche et à droite, s’occupe de son jardin et passe beaucoup de temps au café avec ses copains. Quand il ne rajoute pas son nom au monument aux morts, il compte les pigeons au parc.

    Germain est né d’une histoire brève du 14 juillet. Un manque d’amour maternel, un père qu’il n’a jamais connu, il garde de l’enfance l’indifférence de sa mère et les humiliations de son instituteur qui le considérait comme un bon à rien. Alors forcément, Germain n’a jamais eu envie des mots et des livres, il s’en méfie.
    « Tout ça pour expliquer qu’à la fin du primaire j’étais plus souvent à la pêche que le cul posé sur un banc. Ce qui fait que plus tard à l’armée, on m’a classé dans les analphabète, nom dans lequel on entend le mot bête, qui résume très bien de ce qu’on pensait de moi, en plus poli. »

    Sur un banc du jardin public, il fait la rencontre de Margueritte, 86 ans, frêle et fragile qui est en maison de retraite. Entre eux deux, une histoire d’amitié et de complicité va se nouer.
    Cultivée mais pas prétentieuse, elle respecte Germain. Margueritte aime faire la lecture à voix haute et Germain va prendre goût aux mots. Lui qui avait peur de ce savoir va employer des nouveaux mots, citer Camus à ses copains au bistro ce qui donne lieu à des situations drôles. Mais surtout, il va découvrir de nouveaux horizons grâces à la lecture.

    Cette histoire est un plaidoyer sans mots savants ou flonflons pour la lecture et la connaissance. Le narrateur est Germain et on suit son cheminement, ses pensées.

    Plus on avance dans le livre et plus ses expressions se modifient. Par exemple, il ne dit plus « baiser » mais « faire l’amour ». J’ai trouvé beaucoup de pudeur et de sincérité dans les réflexions de Germain.