Popcorn Melody

Emilie de Turckheim

Héloïse d'Ormesson

  • Conseillé par
    6 avril 2016

    Shellawick un trou paumé du Midwest avec ses cailloux, son soleil de plomb, ses mouches, sa poussière et ses quelques habitants. Parmi eux, Tom Elliott la trentaine qui tient une supérette au doux nom le Bonheur. Il n’y vend que l’essentiel c’est-à-dire pas grand-chose « J'ai décidé de changer mes habitudes et de limiter mon carnet de commandes à la trilogie de bonheur : manger à sa fin, se laver et tuer les mouches. Au-dessus de ma porte, j'ai décloué le panneau SUPERMARCHE, je l'ai retourné et j'ai peint LE BONHEUR en lettres rouges. » Pas très loin, l’usine de popcorn emploie de nombreuses personnes et sur les paquets de popcorn, on retrouve la frimousse de Tom enfant mais hors de question pour lui d’en vendre. Ses quelques clients y viennent principalement pour s’installer dans le fauteuil de barbier et parler. Tom écrit un haïku dans les pages jaunes dès qu’un client franchit sa porte. Mais quand un hypermarché tout neuf (et climatisé) est construit juste en fac de la supérette de Tom, ses habitués désertent le Bonheur.
    « La moitié des habitants vit – survit serait plus exact – de l’usine de popcorn Buffalo Rocks, magnat industriel qui domine toute la région. Tout le monde en périt aussi». Et l’hypermarché appartient au dirigeant de l’usine. Tom ne veut pas mettre la clé sous la porte. Il décide d’aller voir par lui-même ce temple de la consommation.

    La première chose qui attire l’œil dans ce roman est l’écriture : unique, savoureuse et originale avec des expressions comme « vendre les fleurs» pour perdre la raison (c’est ce qui arrive à Matt l’ancien instituteur de Tom).
    Avec une galerie de personnages hauts en couleur ( la fille adoptive de Matt s’appelle Emily Dickinson) souvent décalés, ce roman est bien plus qu’une jolie fable sur la société de consommation. Emilie de Turckheim nous parle des Indiens des Plaines, de la différence, de philosophie de vie, d'humanité, de poésie, d’écriture et de lecture.
    Il s’agit d’un univers à part avec un grain de folie douce. C’est entraînant sur toute la ligne avec un charme fou!