Autopsie
EAN13
9782246817925
Éditeur
Grasset
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Autopsie

Grasset

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«  Je m'appelle Mehdi, Thomas, Maximilien Meklat. J'ai vingt-six ans. De
décembre 2010 à février 2017, entre mes dix-neuf et mes vingt-cinq ans, j'ai
publié plus de cinquante mille tweets sur mon compte Twitter, sous le
pseudonyme Marcelin Deschamps, sans jamais cacher que ce compte m'appartenait.
En septembre 2016, je l'ai même repris sous mon vrai nom.  La plupart de mes
tweets étaient   bêtes et méchants, d'autres drôles; une vingtaine d'entre eux
infâmes, ignobles. Je m'en suis excusé dès le début de ce que la presse a
appelé l'« Affaire Meklat » et j'implore à nouveau le pardon de tous ceux qui
se sont sentis blessés ou meurtris par ces tweets.  Je regrette, bien plus
encore que l'on ne peut m'en vouloir, de les avoir écrits.
Je sais que beaucoup me veulent à jamais interdit de parole depuis que j'ai pu
écrire de tels mots : ceux-là sont libres de ne pas lire ce livre. Pour les
autres, je veux revenir sur cette « Affaire Meklat », pas seulement pour
essayer de comprendre ce qu'il m'est arrivé et me réconcilier avec moi-même,
mais parce qu'elle peut être édifiante pour toute ma génération qui croit
sincèrement à la virtualité - donc l'impunité - des paroles proférées sur les
réseaux sociaux.
Si j'ai été le premier à subir les conséquences de tweets écrits sous
pseudonyme, de nombreux autres ont suivi, en France et dans le monde. Comme
moi, ils utilisaient Twitter quand il n'était encore qu'un terrain de jeu
apparemment sans conséquence, et non le média surpuissant qu’il est devenu.
Peut-on aborder froidement, aujourd'hui, les questions de fond que Twitter
pose ? Peut-on parler du caractère paradoxal de ce media qui encourage
l'hystérie de l'improvisation tout en interdisant le droit à l'oubli ? Parler
aussi des condamnations à perpétuité de tous ces jeunes imbéciles qui, comme
moi, portent la faute de leurs premières transgressions? Puisse ce livre
nourrir le débat, sans être d'emblée disqualifié du fait de son auteur. Si ce
texte devait dissuader ne serait-ce qu'un jeune geek de se suicider
socialement, un jour, à coups de tweets, alors il n'aura pas été inutile à mes
yeux.  »
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