La Compagnie catalane en Orient, 1303-1311

L’expédition des Catalans en Orient, racontée par le chroniqueur Ramon Muntaner, est l’aventured’une armée de mercenaires catalans et aragonais partie de Sicile au secours de l’empire byzantinmenacé par les Turcs. C’est l’épopée d’une troupe nomade qui finit par trouver, sans l’avoirrecherchée, sa terre promise au pied de l’Acropole d’Athènes. Mais la geste de ce « grain desable », mouvant loin de se réduire à leur aventure, permet aussi une vaste plongée dans la vie de laMéditerranée orientale au début du XIVème siècle. Car ces « fous furieux » servent ou menacenttour à tour des intérêts, prolongent ou entravent des ambitions et deviennent un acteurincontournable de la géopolitique de cette partie du monde.Rarement une aventure aura autant stimulé les imaginations au point que la littérature, le théâtre,l’art et même la propagande commerciale s’en sont emparés. Les noms du héros principal del’histoire, Roger de Flor, et de la troupe des Almogavares qu’il emmène avec lui en Orient évoquentà eux seuls l’épopée. De plus ils ont été servis par un témoin oculaire de leurs exploits, RamonMuntaner lui même, qui en a fait à la fin de sa vie une relation savoureuse, grâce à un talent denarrateur inégalé au Moyen Age. Son texte, magnifique et partial, reste la base de toutes les étudeset le lecteur le retrouvera intégralement dans notre livre dans une nouvelle traduction française.Toutefois la vision personnelle de Muntaner ne peut suffire à elle seule à rendre compte del’évènement considérable qu’a été l’expédition des Catalans en Romanie. Elle doit être complétéepar l’ensemble des autres sources disponibles, qu’elles soient byzantines, italiennes, françaises,serbes même. Car Muntaner ne dit pas tout, il ne sait pas tout non plus, surtout dans le jeudiplomatique de ce théâtre de l’Orient où les intervenants sont si nombreux, qu’ils soient Grecs ouLatins, Turcs, Slaves ou Tartares même.