Hussein père et fils, les 20 années qui ont changé le Moyen Orient, Trente années qui ont changé le Moyen-Orient
EAN13
9782841879892
ISBN
978-2-84187-989-2
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
POLITIQUE, IDEE
Nombre de pages
246
Dimensions
10 x 10 x 2 cm
Poids
100 g
Langue
français
Code dewey
920
Fiches UNIMARC
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Hussein père et fils, les 20 années qui ont changé le Moyen Orient

Trente années qui ont changé le Moyen-Orient

De

Archipel

Politique, Idee

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Montréal, Québec, H3N 1W3.

eISBN 978-2-8098-1223-7

Copyright © L'Archipel, 2007.

Préface

Nasser l'avait affublé du sobriquet de « petit roi ». Il fut pourtant un très grand souverain. Quarante-huit années durant, Hussein de Jordanie aura marqué l'Histoire de son pays et celle de tout le Proche-Orient.

À la mort de son grand-père Abdallah, assassiné le 20 juillet 1951 à Jérusalem, et après le court règne de son père Talal, le « petit » Hussein hérite d'un État qui a moins de trente ans et d'un territoire qui n'est pas le sien, la Cisjordanie, sur la rive ouest du Jourdain ; il hérite également des réfugiés palestiniens, privés d'État, qui se retrouvent sous administration jordanienne.

On ne donne alors pas cher de sa peau : combien d'attentats subira-t-il, commandités par l'Égypte de Nasser, par la Syrie ou par bien d'autres « frères » arabes ? On ne les compte plus. On dit qu'il a la « baraka ». Il faut bien le croire, puisque seule la maladie aura raison de lui.

L'assassinat de son cousin Fayçal à Bagdad en 1958, la disparition des Hachémites en Mésopotamie sont censés le fragiliser. Lui s'attache à insuffler à son peuple le sens de la nation jordanienne, bâtit une armée issue des tribus bédouines de Jerash, Ajloun et du Wadi Rum, dont il entend faire la colonne vertébrale de l'État. Tout en édifiant cet État, il prend soin de se défier de ses amis et de contrer ses ennemis.

Randa Habib l'a bien connu : journaliste à Amman depuis 1980, elle y dirige le bureau de l'AFP dès 1987. Témoin privilégié de la cour jordanienne depuis un quart de siècle, elle l'a accompagné dans presque tous ses voyages et a souvent recueilli les confidences du souverain. Son livre restitue la pensée du « petit roi », retrace son évolution, raconte l'édification d'un État-nation, la Jordanie, dont Hussein a fait un pays ancré dans son temps.

En septembre 1970, les nombreux journalistes qui couvraient à Amman la lutte fratricide entre Jordaniens et Palestiniens pariaient tous sur la chute du souverain hachémite au profit de Yasser Arafat ; ce dernier, on le sait aujourd'hui, fomentait une révolution censée le mener au pouvoir à Amman. Ce qu'il aurait peut-être réussi sans « Septembre noir ».

Sur le plan intérieur, le roi a su enrayer la montée de l'intégrisme en associant les Frères musulmans au pouvoir, afin de mieux les contrôler. Il a sauvegardé l'intégrité de l'armée et développé des services de renseignement performants, sans pour autant renoncer à ses convictions. Surtout, il a su préserver la relation jordano-palestinienne, si souvent mise à mal. C'est ainsi qu'en 1988 il a su renoncer à toute velléité de souveraineté sur la Cisjordanie, en contradiction avec le vœu de son grand-père et de nombre de responsables jordaniens, qui l'auraient volontiers annexée.

Plus que tout, c'est la dimension régionale de Hussein que met en lumière Randa Habib. Par le regard qu'elle porte sur ce souverain, elle nous permet de saisir le jeu des alliances et des contre-alliances, et analyse les jugements qu'il portait sur ses pairs arabes – Kadhafi, Hafez al-Assad, Saddam Hussein –, dont il avait appris à se méfier. Différend israélo-palestinien, hégémonie de l'Égypte, voisinage conflictuel avec la Syrie... Autant d'exemples du rôle de Hussein dans cet espace depuis si longtemps déchiré par la haine, la violence et la non-reconnaissance de l'autre. Jusqu'à la fin, il luttera contre les interférences régionales et étrangères dans son pays. Au fil des pages, Randa Habib livre des témoignages inédits sur certains épisodes et incidents de son règne, ainsi que sur la perception qu'il avait de l'Occident, de la France et des États-Unis en particulier.

Peu de temps avant sa mort, Hussein fut à l'origine d'un bouleversement dynastique : il décida de changer brusquement de successeur. Son frère Hassan ibn Talal, pourtant désigné depuis de nombreuses années, était sommé de s'effacer au profit d'Abdallah, fils aîné du roi et actuel souverain de la Jordanie. Randa Habib, mise dans la confidence, fut la première à divulguer l'information par une dépêche, déclenchant une véritable tempête dans le royaume hachémite. À peine intronisé, Abdallah II ne s'y est pas trompé : c'est à elle qu'il a accordé sa première interview. L'Histoire de cette révolution de palais est l'un des aspects les plus surprenants et les plus captivants de ce livre, dont le moindre mérite n'est pas de soulever une inquiétude taraudante : se pourrait-il que l'actualité, telle qu'elle nous est présentée par les canaux d'information habituels, soit biaisée ? Nous faut-il donc courir à sa recherche ? Le livre de Randa Habib est de ceux qui nous aident à combler ce fossé.

Antoine SFEIR

1

L'ESPOIR ENTERRÉ

Le soleil est radieux sur le Proche-Orient, en ce 6 novembre 1995, comme s'il voulait faire oublier le séisme de la veille : l'assassinat du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin.

L'avion du roi Hussein de Jordanie, qu'il pilote lui-même, nous dépose à l'aéroport Ben-Gourion de Tel-Aviv. Avec toute la délégation jordanienne, nous embarquons aussitôt à bord d'un hélicoptère militaire qui doit nous amener à Jérusalem-Ouest. La reine Nour s'installe à côté du roi. Les autres membres de la délégation, notamment le Premier ministre, le chef du cabinet royal, ainsi que le ministre des Affaires étrangères, se partagent les autres places. Je suis la seule journaliste admise à bord. En face de moi, le couple royal.

Soudain, je vois la reine Nour tapoter la main de son époux. Je lève la tête : le roi pleure. Il ne bouge pas. Le regard perdu dans le vide, une larme coule sur sa joue droite.

Arrivé à Jérusalem, le roi Hussein se rend immédiatement chez Léa Rabin, la veuve du Premier ministre.

— Je ne trouve pas les mots pour décrire les sentiments que m'inspire cette perte personnelle, celle d'un ami, d'un pair, d'un homme que j'ai admiré et respecté, dit-il à Léa Rabin en présence de la reine Nour.

Le convoi royal se dirige ensuite vers le mont Herzl. De chaque côté de la route, des Israéliens massés saluent chaleureusement le cortège. Ce bref voyage à l'occasion des obsèques de Rabin me permet de constater la grande popularité dont jouit Hussein de Jordanie en Israël. Malgré le deuil et le choc causé par l'assassinat du chef du gouvernement, les Israéliens applaudissent au passage.

Au mont Herzl, les chefs d'État venus du monde entier se regroupent aux côtés des hauts responsables israéliens et de la famille Rabin. Sans doute pour marquer le respect envers celui qui a eu le courage de conclure la paix avec Israël, le protocole fait entrer le roi Hussein de Jordanie en dernier, de sorte qu'il est accueilli par tous les dirigeants présents, notamment par le président américain Bill Clinton.

Assise à côté de l'attachée de presse du Palais royal, attendant le début de la cérémonie, je vois s'approcher des généraux israéliens qui se placent debout devant nous, nous cachant la vue. Ils se retournent soudain pour s'excuser :

— Nous attendons l'entrée du roi Hussein pour le voir de près. Nous regagnerons nos sièges ensuite.

La cérémonie débute. Quand vient le tour du roi Hussein de prendre la parole, le silence se fait dans l'assistance.

Debout sur le podium, les larmes aux yeux, le « petit roi » reste un long moment sans rien dire. Il est coiffé du traditionnel keffieh jordanien rouge et blanc, en signe de deuil.

— Je n'aurais jamais pensé que le moment viendrait où je porterais le deuil d'un pair et d'un ami, un homme et un soldat qui est venu à notre rencontre en franchissant le fossé qui nous séparait, dit-il. Jamais, dans toutes mes pensées, je n'aurais imaginé que ma visite à Jérusalem, en réponse à toutes les invitations que j'ai reçues, serait forcée par une telle circonstance.

Léa Rabin pleure. La reine Nour aussi. L'assistance est émue.

— Ne restons pas silencieux, poursuit le roi. Élevons la voix pour exprimer notr...
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