Le secret de l'auberge rouge
EAN13
9782841879908
ISBN
978-2-84187-990-8
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
Histoire
Nombre de pages
256
Dimensions
10 x 10 x 2 cm
Poids
360 g
Langue
français
Code dewey
364.152
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Le secret de l'auberge rouge

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Cargo, la religion des humiliés du Pacifique, Calmann-Lévy, 2005.

Et si c'était lui ?, L'Archipel, 2005.

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L'Œil de Néfertiti, L'Archipel, 2004.
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Jeanne de l'Estoille :

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Mourir pour New York ?, Max Milo, 2002.

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25, rue Soliman-Pacha, Lattès, 2001.

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Histoire générale de l'antisémitisme, Lattès, 1999.

Balzac, une conscience insurgée,Édition° 1, 1999.

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Histoire générale de Dieu, Laffont, 1997.

Histoire générale de Dieu, Laffont, 1997.1996.

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Bouillon de culture, Laffont, 1986 (en coll. avec Bruno Lussato).

La Fin de la vie privée, Calmann-Lévy, 1978.

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eISBN 978-2-8098-1222-0

Copyright © L'Archipel, 2007.

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LE MYSTÈRE DES ARCHIVES DISPARUES

Le nom d'« Auberge rouge » est, depuis bientôt deux siècles, passé dans l'inconscient populaire. Il symbolise un gîte louche dont on n'est pas certain de ressortir vivant. Son origine est un fait divers, ou plutôt une série de faits divers mystérieux et de vérités discutables, qui se déroulèrent entre la Restauration et la monarchie de Juillet : des aubergistes d'une région isolée de l'Ardèche auraient assassiné leurs clients pour les dépouiller. À l'horreur intrinsèque des meurtres s'ajoutait la lâcheté des forfaits, perpétrés sur des gens endormis ou désarmés.

L'exécution publique des trois présumés coupables, en présence de milliers de spectateurs (on a parlé de vingt mille, voire trente mille et plus, foule énorme pour l'époque et la région) en 1833, n'entama pas la fascination publique pour cette histoire atroce. On n'a pas cessé d'écrire dessus et d'en parler, les contemporains ajoutant détail sur détail, la plupart produits par des imaginations enfiévrées, obligeant historiens et sociologues à démêler péniblement le vrai du faux.

On en rajouta à cœur-va. On raconta que Marie Breysse, épouse de l'aubergiste Pierre Martin et cuisinière réputée, faisait manger aux clients pâtés et ragoûts accommodés avec les meilleurs morceaux prélevés sur les cadavres des victimes. Des paysans jurèrent leurs grands dieux qu'ils avaient vu, de leurs yeux vu, des mains dans des marmites. Bizarrement, jamais de pieds. D'autres rapportèrent que « des fumées nauséabondes » s'échappaient fréquemment des cheminées du lieu.

Certes, les auberges de ce temps n'avaient guère flatteuse réputation. L'un des plus grands succès théâtraux du XIXe siècle, L'Auberge des Adrets, mélodrame en trois actes d'Antier, Saint-Amand et Paulyanthe, se situait dans une auberge sur la grand-route entre Chambéry et Grenoble. Dès 1823, il fit, pendant maintes et maintes représentations, frémir le public de l'Ambigu-Comique, à Paris, avec le célèbre acteur Frédérick Lemaître dans le rôle principal du brigand Robert Macaire. Le sujet en saisissait les spectateurs par son « réalisme », ou plutôt son vérisme. L'histoire : le fils adoptif des tenanciers, Charles, s'apprête à fêter son mariage quand Robert Macaire et son complice Bertrand assassinent et dévalisent un riche invité de la noce. Une femme innocente est accusée du meurtre, mais elle parvient à se disculper et reconnaît dans les assassins, horreur ! son mari qui l'a abandonnée et son propre fils.

Le préjugé contre les auberges tenait en partie, il est vrai, au fait qu'elles faisaient également office d'estaminet : l'on s'y ivrognait sans retenue, ce qu'on n'eût pu faire au foyer. Mais la légende de l'auberge de Peyrebeille concentra tous les fantasmes attachés à ces établissements et quelques autres en prime.

Ils perdurent jusqu'à nos jours : l'Auberge rouge est devenue l'un des hauts lieux touristiques de l'Ardèche ; on la visite à partir de la mi-février et, selon la faconde du guide, on peut s'offrir quelques frissons aux récits des atrocités qui s'y seraient déroulées.

À moins qu'on ait lu auparavant ces pages.

L'établissement n'avait jusqu'alors porté aucun nom ; c'était l'auberge de Pierre Martin à Peyrebeille, commune de Lanarce. À partir du procès, on le surnomma « le Coupe-gorge », « l'Ossuaire », « l'Auberge sanglante » entre autres sobriquets sinistres. L'appellation d'« Auberge rouge » semble empruntée à Honoré de Balzac, qui publia sous ce titre, en 1831, le récit d'un meurtre mystérieux commis dans une auberge ; même s'il est probable que l'auteur de La Comédie humaine eut connaissance de l'arrestation des présumés coupables par la presse (celle de Paris fut étonnamment ou scandaleusement succincte sur ce sujet), ce n'est d'aucune façon une reconstitution romancée de l'affaire qui secoua l'Ardèche. Ce texte, bizarrement à cheval sur la neurologie et la psychanalyse, encore à naître (le crime, car il y en a évidemment un, y est commis par un client durant une crise de somnambulisme), fut située en 1799 et au bord du Rhin, à plusieurs centaines de kilomètres de l'auberge de Pierre Martin. Balzac, il est vrai, était friand d'histoires criminelles et sanglantes ; il en imagina même dans La Femme de trente ans, par exemple. Fasciné par les Mémoires de Vidocq, il le représenta sous le nom de Vautrin dans La Comédie humaine.

Ces précisions, je m'empresse de le dire, ne sont pas étrangères à l'affaire de l'Auberge rouge, comme on le verra.

En 1943, Albert Camus reprit le sujet et le porta à une hauteur philosophique, au premier regard inattendue : dans sa pièce de théâtre Le Malentendu, deux tenancières d'auberge, une mère et sa fille, Martha, dépêchent au trépas les voyageurs insincères. Vaste programme.

En 1945, un film anglais, Halfway Inn (L'Auberge du mi-chemin), traitait un thème lointainement apparenté, dans une forme encore plus symbolique : cette fois, l'auberge était un lieu où le destin regroupait des gens déjà morts et coupables de fautes mystérieuses.

Je ne saurais, dans cette brève liste des auberges maudites, oublier celle de la Jamaïque, créée en 1954 par le talent de Daphne Du Maurier, qui inspira elle aussi un film, Jamaica Inn : la romancière en a fait...
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