LA France AU CÌÄåÇUR

Ses grandes découvertes, celles qui devaient marquer sa vie, il les avait faites en quelques jours, vers la fin de la " drôle de guerre ", par un printemps radieux, juste avant que la tragédie ne s'abatte sur son pays. Il était encore un adolescent sur les bancs du collège. Au cours d'un de ces " voyages secrets ", comme il y en a souvent dans les premières amours, Eva, son initiatrice, plus âgée que lui de plusieurs années, lui avait tout révélé : les gestes de l'amour, le goût de la bonne chère, la saveur des grands vins, l'ivresse de la liberté des adultes, et la beauté surtout, poignante, inoubliable, de ces paysages français qui resteraient à jamais pour lui associés à l'idée du bonheur toujours menacé.
Et puis Eva, forcée de fuir, avait disparu.
Vingt-cinq ans plus tard, devenu cinéaste, c'est à la fille d'Eva, Barbara, qu'il se lie à l'occasion du tournage d'un film, et c'est à elle qu'il va tenter de donner en partage les multiples splendeurs du pays qui, au sens le plus fort du mot, lui " tient à coeur ".