22,90
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17 janvier 2013

Surprenant, passionnant et terrible !

Roman surprenant, passionnant et terrible, « La vallée des masques » ausculte de l’intérieur la construction d’une idéologie et d’une spiritualité, la manière dont elle peuvent séduire et capter en s’érigeant sur les aspirations les plus nobles, mais aussi comment elles peuvent conduire aux pires aberrations en niant l’individu pour mettre en œuvre leurs préceptes.

Conseillé par
6 janvier 2013

Le thème du roman m’attirait mais j’aurais aimé qu’il soit incarné par des personnages davantage fouillés (seuls le professeur nouvellement arrivé, Indira, et Ismaël, l’élève atypique, ont trouvé grâce à mes yeux) et donc plus crédibles, ce qui aurait rendu la narration plus captivante. Azuréa, la Technoprophète, m’a paru factice. J’y ai vu plutôt une créature à la Jodorowsky, tout en (seins et) outrances (malgré une explication de son comportement par un traumatisme de jeunesse bien trouvée) qu’une personnalité vraisemblable, ce qui est dommage puisque c’est elle qui s’annonce comme le vecteur des bouleversements à venir. Paradoxalement, quand on connaît sa nature, j’ai plus aisément cru à l’Ecuyère, dont la présentation est saisissante de vérité.

Le récit proprement dit se tient, même si la communauté scolaire peine un peu à exister sous nos yeux et le rythme s’accélère dans le dernier tiers. Sur le fond, nombre d’éléments m’ont intéressée : le thème du conditionnement en particulier, avec les spécificités qu’il peut générer pour les planètes (le mode de fonctionnement de la planète Babil-one, pour ne citer que lui), voire les chemins aberrants vers lesquels il lui arrive de les mener (cf le devenir de la planète Solaris); la conception du Melkine comme unité à part échappant à ce conditionnement ; l’organisation matérielle du vaisseau, fascinante.

Au final, « Le Melkine » est un roman que j’ai lu sans déplaisir car certains aspects me séduisaient mais qui, globalement, ne m’a pas passionnée.

Éditions de L'Olivier

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10 novembre 2012

Mais d’où vient que ce drôle de livre se lit avec autant de plaisir ?
Il ne ressemble à aucun autre, il ne ressemble même à rien, serais-je tentée de dire, avec son côté décousu, son montage improbable de vignettes en tous genres.
Pourtant, on s’y installe sans problème, le style alerte et primesautier est très revigorant et on regarde défiler avec intérêt toute une galerie de personnages et de situations au hasard desquels l’auteur épingle, en collectionneuse avérée des faits et méfaits contemporains, telle ou telle spécificité et/ou avanie de notre monde moderne.

Car chemin faisant, alors qu’elle s’amuse à surfer d’une micro-histoire à une autre, elle glisse un aparté socio-économique, une réflexion (explicite ou suggérée) sur l’air et les phénomènes du temps, du storytelling au port du voile en passant par le sens de la circulation en Corée, pour ne citer que quelques exemples parmi beaucoup d’autres.

Un piquant butinage, qui se plaît à faire fi des codes du roman pour se mettre au diapason de notre univers moderne, mais sans jamais en être dupe.

16,50
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13 octobre 2012

Singulier et fascinant !

A sa mort, l’écrivain John Volstead a légué à Gray une ligne de testament énigmatique se référant à une mystérieuse Collection Castiglione.
John Volstead était l’ex-mari de la blonde et distante Anna, une photographe fascinée par les lumières artificielles, dont Gray était tombé amoureux. Gray s’était vu octroyer une petite chambre où elle venait le retrouver, dans leur maison en forme de bunker dont John occupait encore le sous-sol. Et, régulièrement, elle détruisait l’exemplaire d’une photo grand format où l’on voyait son mari signer un autographe sur le front d’une jeune femme blonde lui ressemblant.
Des pans de ce passé ressurgissent en même temps que Gray part en quête d’une Collection dont les apparitions sporadiques ne laissent que des traces fugitives de par le monde…

Singulier (et fort bien écrit), « La blonde et le bunker » réussit à accrocher son lecteur avec quelques fils narratifs improbables, où les réflexions sur l’art (photographie et cinéma compris) et sa conservation mêlées à celles sur le mythe d’Eurydice, la thématique du classement ou encore des doubles, croisent les vies de personnages dont nous ne saurons guère que ce qui les lie, mais cela fonctionne (pour peu que l’on ait envie de lire quelque chose de différent), on tourne les pages, intrigué, intéressé et curieux de ce qui va advenir.
Ce roman est doté d’un indéniable pouvoir de fascination, on pense au surréalisme, ou à l’absurde, on a l’impression de se promener dans un univers (un film) étrange, en noir et blanc, au sein duquel il reste toujours des non-dits.
Je craignais, néanmoins, d’être déçue par une fin en impasse ou ouverte (trop facile, je trouve, quand on ne se sort plus de ce qu’on a créé), mais l’auteur avait concocté un dénouement-résolution du mystère en bonne et due forme que j’ai trouvé fort malin (et avoir cru à tort qu’elle allait se jouer de nous m’a amusée).

Éditions de L'Olivier

16,50
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8 octobre 2012

Tristan est invité à une partie de chasse. C’est Emma, sa compagne, qui l’a poussé à y participer. Pour s’intégrer. Car dans ce village, ils sont encore des nouveaux et la jeunesse de Tristan ne l’aide pas à faire son trou.
Mais dans cette partie de chasse, rien ne va se passer comme prévu.
Tout d’abord parce que, dès le début, surgit un lapin de garenne dont les pensées et réflexions ne cesseront, tout au long du récit, de croiser celles de Tristan.


Et ensuite parce qu’un accident immobilise un des trois compagnons du jeune homme, lequel se retrouve isolé à ses côtés. Alors qu’ils attendent les secours et que Tristan, à la demande de son camarade, raconte des histoires tirées de sa vie passée en laissant son esprit vagabonder et s’en remémorer d’autres, une pluie violente se met à tomber, prélude à un orage d’une ampleur incroyable…

Quelle belle surprise que ce court roman ! Tel le lapin mû par son instinct de créature bondissante, il nous emmène par petits sauts successifs d’un point de vue à l’autre (de l’animal à l’humain), du présent au passé et d’une situation somme toute banale à un enchaînement inattendu, où l’on verra même l’homme se creuser à son tour un terrier.
Au fil d’une histoire (que je vous laisse découvrir, j’en ai déjà assez dit) traitée de manière originale, l’auteur ouvre des fenêtres sur le personnage principal mais aussi, à quelques reprises, sur ses acolytes, rappelant le passé qui a fait d’eux ce qu’ils sont. Aperçus ou séquences de quelques pages esquissent l’essentiel car ici brièveté rime avec densité. Le rythme est nerveux, la plume élégante, parfois sensuelle ou poétique, fait aussi la part belle aux dialogues saisis sur le vif. Le lecteur se demande bien où on l’emmène et ne sera déçu ni par le chemin pris, ni par l’arrivée !
Un roman hors des sentiers battus, qui nous invite à laisser gambader notre imagination et notre esprit.