Gataparda

Conseillé par
13 janvier 2018

Un grand roman d'aventures

L’intrigue.
Dans un monde utopique, l’Instance, qui fait suite à une catastrophe planétaire, une jeune détective mandatée par le gouvernement mondial, doit élucider trois meurtres de scientifiques de haut niveau. Son enquête l'amènera à découvrir des réalités aussi effroyables qu’inattendues qui bousculent la foi qu’elle avait dans le système où elle a toujours vécu. Le principe de la progression narrative repose sur une accélération progressive de l’action et des découvertes, et des retournements de situations qui ne manquent pas de piquant. Deux récits sont ainsi menés en parallèle : celui de l’enquête et celui de la dissection psychosociologique du monde « utopique ».
Les personnages.
Sans surprise c’est celui de Lyla, l’enquêtrice, qui est le plus intéressant. Jeune femme formatée par son éducation et heureuse de l’être, on la voit peu à peu évoluer et perdre ses repères pour se retrouver in fine dans une incertitude totale qui présage mal de sa réinsertion dans l’Instance. C’est en fait cette évolution qui donne son épaisseur au personnage : trop de héros finissent sur leur lit de mort avec la même mentalité qu’à leur sortie de l’utérus.
La galerie des personnages secondaires est également soignée, voire truculente. Les scènes du bagne où se croisent brutes sans remords, assassins en quête de rédemption, victimes pathétiques et mystiques disgraciés apportant la consolation aux autres bannis est très symptomatique de cette diversité humaine (qui ne se limite pas là).
Le style.
C’est encore une des qualités du roman : comme pour l’héroïne, les auteurs ont su l’adapter aux passages du roman : nerveux dans les scènes d’action et les passages dramatiques, plus pédagogique dans les réflexions de Lyla qui découvre pas à pas comment une utopie peut se nourrir de la pire des dystopies.
La conclusion.
Elle peut déconcerter certains lecteurs peu familiers de la science-fiction. Pour ma part, ayant dévoré Philip K. Dick tout cru depuis des années, je n’ai guère été dépaysée. La filiation entre les Belmas et cet auteur et évidente, et l’idée scientifique d’introduire des univers dont la consistance dépend de la probabilité de l’information qu’ils renferment rappelle « Siva », un des derniers romans du grand maître.
In fine, un roman passionnant et bien ciselé par ses auteurs, que je conseille à ceux qui aiment le mélange des genres (SF, thriller, enquêtes…) et les rebondissements inattendus à la John Dickson Carr.